Les memoires d'un t茅moin du si猫cle est une introduction int茅ressante 脿 la pens茅e de Malek Bennabi. 脌 lire dans les deux langues malgr茅 la diff茅rence de qualit茅 et de fid茅lit茅 de description de Bennabi de la soci茅t茅 alg茅rienne. La pr茅sente 茅dition 脿 l'initiative de Noureddine Boukrouh qui y livre une excellente pr茅face, contient une 4猫me partie in茅dit茅e (Une autre version de Pourritures? ) en plus de la premi猫re partie originellement en fran莽ais et la deuxi猫me partie traduction de l'arabe, mon conseil aux alg茅riens qui le peuvent, est de lire chaque partie dans la langue d'origine. Dans la premi猫re partie (L'enfant), on d茅couvre l'茅ducation d'un jeune alg茅rien entre un milieu rural et citadin, leurs valeurs et codes respectifs, les origines de la r茅flexion de Bennabi, sa formation de "medressien" 脿 Constantine. Ainsi que le regard de Bennabi sur cette soci茅t茅 qui nourrit dans ses entrailles la r茅sistance 脿 son 茅radication morale apr猫s un si猫cle de colonisation, repr茅sent茅s par "l'islah" de Benbadis puis le "mouvement national". 脡tant n茅 en 1905, fait de Bennabi un t茅moin privil茅gi茅 de l'int茅rieur du mouvement islahiste et sa relation avec le mouvement national en tant que ph茅nom猫ne intellectuel et politique d'un peuple 脿 la recherche des outils de son salut.
La deuxi猫me partie (l'茅tudiant), repr茅sente le choc qu' a repr茅sent茅 le passage de l'environnement du "colonis茅" vers un l'environnement d'une soci茅t茅 structur茅e et la naissance d'un questionnement qui ne le quittera plus jamais sur les composants et conditions de la "civilisation". Sa fr茅quentation des milieux culturels parisiens des ann茅es 30, l'exp茅rience de l'adversit茅 (notamment son mauvais rapport 脿 Louis Massignon, orientaliste et th茅oricien du "colonialisme moral") et son incidence sur sa vie mat茅rielle 脿 Paris et bien apr猫s, lui permettent de dresser un tableau riche en d茅tails 茅mouvants, loufoques parfois, souvent r茅volt茅s, par moments plein de doutes ou de clairvoyance du ph茅nom猫ne "civilisation". Cette partie du livre aussi est riche en d茅tail sur la p茅riode de sa vie avec sa femme Khadidja (Paulette Philippon), ainsi que sa fr茅quentation du bouillonnement du "mouvement national" 脿 Paris et son analyse sans concession dessus. Entrer dans ces m茅moires de Bennabi dans ces deux premi猫res parties, c'est faire la connaissance d'un penseur qui s'est donn茅 corps et 芒me 脿 la r茅surrection des siens, et 脿 leur donner les outils du fait "civilisationnel" dans une p茅riode charni猫re du dialogue entre le message originel de l'islam et de la civilisation occidentale. Lecture qui permet de dissiper le halo de l'idealisation qui entoure souvent le nom Malek Bennabi et qui emp锚che d'entrer en contact avec sa pens茅e dans son humanit茅, faire sa critique et l'employer dans ce 脿 quoi l'a destin茅e son auteur.
La derni猫re partie du livre (non 茅dit茅e en arabe), met encore plus en exergue ses souffrances morale et mat茅rielle avec ce qu'il appelle les forces du colonialisme et de la "colonisabilit茅", qui l'ont fait errant pendant des d茅cennies sur trois continents, avec la difficult茅 de faire passer son message et l'impression -justifi茅e ou non- d'锚tre pers茅cut茅 et marginalis茅, ce qui fait de lui un auteur plus que jamais digne d'int茅r锚t tant que les questionnements qu'il a soulev茅 n'ont pas trouv茅 leurs r茅ponses et qu'il faille un nouvelle r茅flexion pour reformuler "Les conditions de la civilisation".