en-US Tue, 29 Apr 2025 18:25:02 -0700 60 144 41 /images/layout/goodreads_logo_144.jpg Review7521890686 Tue, 29 Apr 2025 18:25:02 -0700 /review/show/7521890686 Stoffia gave 4 stars to Speculative Whiteness: Science Fiction and the Alt-Right (Kindle Edition) by Jordan S. Carroll
Petit essai des Presses Universitaires du Minnesota sur les liens entre la science fiction et les mouvements de suprématie blanche. L'essai s'oppose à cette vision de la SF comme un genre fondamentalement progressiste. Sans en faire un genre raciste par essence, il démontre comment les outils de la SF peuvent servir ses desseins plus sinistres.

L'essai explore plusieurs cas de figure : les supremacistes qui ont fait de la SF pour servir leur propos, et d'autres qui ont utilisé des "vrais" œuvres de SF pour en détourner le sens (ou parfois pour mettre de l'avant y sens qui y était réellement).

J'y ai découvert qu'il existait, par exemple, un sous-genre complet de la SF maintenant oublié d'histoires ou "les Blancs sont oppressés par des Noirs, ou des aliens à la peau foncée dont la société tombe en ruine parce que seul le génie des Blancs peut construire et maintenir une civilisation". Et quand je dis un sous genre complet, c'est une cinquantaine de nouvelles, romans, certains ayant gagnés des prix, et certains par des noms connus. Heinlein ou Niven, par exemple.

(Pour Heinlein, ça ne me surprend pas, je connais déjà ses histoires basés sur le "Péril Jaune". J'ignorais tout des politiques de Niven par contre et en fouillant... Ouf, ça ne s'est pas amélioré avec le temps. Il a travaillé au gouvernement américain sous Bush où il a proposé un projet pour réduire les coûts des soins de santé en faisant croire aux latinos qu'on leur prélèverait secrètement des organes s'ils se rendaient à l'hôpital. En 2007.)

J'ai appris que, si Le Monde des Non-A est le livre le plus connu de Van Vogt en français, en anglais c'est plutôt À La Poursuite des Slans. Et qu'une raison de ce succès vient d'une interprétation du livre qui a subi la réappropriation des supremacistes Blancs, avec tout plein d'organisations eugénistes où près du Klan se réclamant de Van Vogt. (Avec même un plan pour construire une ville eugéniste basée sur le livre, mais qui a dû se rendre à l'évidence qu'une bande d'hommes Blancs célibataires ça ne pouvait pas vraiment passer beaucoup de gènes.)

Je donne ici les exemples les plus marquants mais le livre en déborde. On y revient sur la polémique des Hugo entourant les Sad Puppies, on y parle de superhéros et tout ça. Le dernier long chapitre analyse plus en profondeur la "philosophie" supremaciste blanche, ses fondements et ses errements. Son "archéofutur Faustien". Cette section, bien qu'intéressante, s'éloigne un peu trop (à mon goût) du sujet d'origine du livre, qui reste très bon et fouillé malgré tout. ]]> Review7102502541 Fri, 20 Dec 2024 06:41:53 -0800 /review/show/7102502541 Stoffia gave 2 stars to L'Usine (Paperback) by Hiroko Oyamada
Ce livre sur trois personnages fraîchement engagés par l'Usine. Un pendant 16 ans, les autres pendant quelques mois. L' Usine, c'est une grande ville près de la mer et de la montagne. On ne sait jamais ce qu'elle produit. Les travailleurs ne le savent pas plus.

Durant les 200 pages de ce livre, il ne se passe rien. Nous protagonistes travaillent, et réalisent que leur travail est inutile. L'un déchiquète du papier, l'autre collecte les mousses et l'autre corrige toujours les mêmes textes avec des fautes différentes à chaque fois. L'autrice y instaure une ambiance intéressante et le livre aurait pu être sauvé par une fin qui en est une. Qu'il se passe quelque chose à la fin, que les destins se croisent de façon significative. Je ne sais pas... Quelque chose.

En absence de "quelque chose", le roman est une étude de personnages sur l'aliénation au travail. Il faut imaginer Sysiphe chiant, misérable et pathétique.

Chaque point de vue est au Je, les successions se font sans avertissement et les dialogues sont dans des blocs de texte. Ceci rend quelques fois la lecture difficiles et toujours monotone. ]]> Review6701813614 Thu, 25 Jul 2024 14:16:21 -0700 /review/show/6701813614 Stoffia gave 5 stars to Les Oiseaux du temps (Paperback) by Amal El-Mohtar
Titre anglais : "This Is How You Loose the Time War".

Alors celui-là s'en va directement dans mes meilleures lectures de l'année. C'est aussi la première fois que j'ai du plaisir à lire une fiction épistolaire et l'une des quelques fois que j'ai apprécié de la SF plus poétique. Je comprends sans mal pourrait le livre a remporté la plupart des prix de l'imaginaire anglophone.

Je dois aussi dire à quel point je suis impressionné par la traduction. Comme je disais : le ton du roman est très poétique, chose que se répercute rarement bien dans le changement de langue. Il y a certains roman où tu dois retraduire mentalement certaines phrases en anglais pour comprendre une référence pour un jeu de mots. Ici, c'est le contraire. Les figures de style sont tellement françaises que je n'ai absolument aucune idée du texte original. La traduction s'est donc brillamment appropriée le texte, en prenant pour cela toutes les libertés nécessaires.

L'histoire donc : deux agentes ennemies dans une guerre du temps aux contours flous s'amusent à s'entresaboter leurs plans. Chaque plan peut prendre jusqu'à une centaine d'années à exécuter. Et après tous ce temps de dur labeur, quand tout échoue, ils ne trouvent qu'une chose : une lettre de l'ennemie qui la félicite pour son ingéniosité, tout en expliquant ce qu'elle a fait pour qu'il ne fonctionne pas. La relation passe progressivement de l'admiration dans l'adversité, à l'amitié, à l'amour.

Les chapitres font en moyenne 3 pages, on ne s'y ennuie jamais. On y explore un paquet d'époques et de réalités alternatives. Nos protagonistes sont très post-humaines, quasi omnipotentes. Elles sont attachantes, fortes, vulnérables et leur amour se ressent. Ne vous laissez pas rebuter par l'étiquette de "romance". Juré, ça en vaut la lecture! ]]> Review6549236392 Fri, 31 May 2024 12:26:46 -0700 /review/show/6549236392 Stoffia gave 4 stars to Le facteur 12: Pourquoi il faut plafonner les revenus (ESSAI) by Gaël Giraud
Cet essai d'économie défend avec talent une idée très simple : Il devrait y avoir un plafond salarial. Un salaire maximum que quelqu'un peut gagner.

Maintenant, pour le plus compliqué : de quelle façon pourrions nous appliquer cela?

La proposition est la suivante : Une loi pourrait stipuler qu'au sein d'une même entreprise, le salaire le plus élevé ne puisse dépasser 12 fois le salaire le moins élevé.

Autrement dit : le patron veut se donner une augmentation d'un million de dollars? Il doit d'abord augmenter de 83 333$ tous ses employés à la base de son échelle salariale.

Bref, une idée alléchante qui a pour principal défaut de ne pas aborder avec assez de profondeur les "avantages non -salariaux" que se donnent déjà les PDG pour contourner les impôts. (Ce problème est peut être pire en Amérique qu'en Europe, ce qui expliquerait ce silence.) ]]> Review6499749595 Sun, 12 May 2024 11:33:59 -0700 /review/show/6499749595 Stoffia gave 4 stars to Le Guide Alan Moore (Kindle Edition) by Nicolas Trespallé
J'ai lu le Guide Alan Moore pour la deuxième fois et c'est excellent.

Il faut noter que c'est bien un "guide". On y retrouve une courte biographie, une introduction aux œuvres principales, une entrevue, et quelques textes sur les adaptations que l'auteur a renié. Moore est probablement l'auteur de comics qui a donné lieu aux plus d'études universitaires et d'analyses littéraires. Cet essai ne tente pas d'entrer dans ce domaine-là. Si vous cherchez une fine analyse d'une œuvre obscure et incomplète de l'auteur, vous ne la trouverez pas ici.

Si vous ne connaissez que Watchmen, V pour Vendetta ou Killing Joke et que vous voulez approfondir votre connaissance de l'Å“uvre de Moore, c'est pour vous.

Bien sûr, comme beaucoup, je suis un fanatique de Moore. Ce guide est bien cherché, et rien n'y est dit qui ne soit faux. Mais Moore est ce genre d'auteur sur lequel les gens ont tendance à préférer projeter leur propre ressentis et je ne fais probablement pas exception.

Dans mon cas, c'est ce qui concerne le rapport de Moore à la magie, et son image de magicien/sataniste/hermite qui ne correspond pas à l'interprétation que j'en ai.

Moore ne parle jamais de magie avec dogmatisme. Il a déjà raconté comment sa conversion s'est faite : le jour de son quarantième anniversaire, il s'est saoulé. Il se disait que la quarantaine venait souvent avec des décisions stupides, mais qu'il n'avait pas envie de s'acheter une voiture sport. Il a donc décidé de devenir magicien. Le lendemain, il ne se souvenait plus de cette décision, mais tout le monde lui a rappelé et il a décidé d'être conséquent.

Mais alors, la magie, c'est quoi? La magie, c'est ce pouvoir qu'a la culture de changer la réalité du monde. La fiction, les mythes et la religion en font partie. C'est un besoin inné chez l'humain de laisser ces histoires changer leur façon de voir et d'interagir avec le monde. L'artiste est donc un magicien qui lance un sort sur les consciences pour les forcer à entreprendre des changements alchimiques.

Il le fait de voir cela ainsi pousse Moore à prendre les religions, la sorcellerie et tout cela extrêmement au sérieux. Leur impact est aussi réel que celui de la physique.

Moore ne verse pas exactement dans la spiritualité, le neopaganisme ou le mysticisme. Je ne vois pas, par exemple, comme quelqu'un qui CROIT en l'astrologie � dans le sens où il croit que l'alignement des astres et leurs "rétrogrades" a un impact quelqu'un sur l'avenir du monde ou des individus. Il croit par croit par contre que l'astrologie est une croyance répandue, partout dans le monde sous des formes différentes. Et qu'en tant que croyance, l'astrologie changé la façon dont beaucoup de personne vivent leur vie. Moore croit donc qu'ainsi, l'astrologie a un impact sur le monde, des millions de personnes vivant leur vie en se fondant là dessus.

L'astrologie est donc un sujet sérieux qu'un magicien doit comprendre, maîtriser et respecter. Parce que c'est un outil qui a fait ses preuves et qui répond à un besoin naturel chez beaucoup de gens. ]]> ReadStatus7903861162 Tue, 07 May 2024 18:10:05 -0700 /review/show/6488830337 Stoffia is currently reading Miracleman Omnibus by Alan Moore
]]> Review6488565897 Tue, 07 May 2024 16:01:35 -0700 /review/show/6488565897 Stoffia gave 4 stars to Dictionnaire utopique de la science-fiction (2023) by Ugo Bellagamba
bookshelves: essai, science-fiction
Hier soir, la conversation avec des camarades s'est transformé en débat : "Est-ce que la scène de la cantine dans Star Wars était la première fois en science fiction où l'on voyait des extraterrestres peu humanoïde mais sympathique, vaquer à leurs vies tout à fait ordinaire?"

En gros, on avait l'impression qu'il existait trois cas de figures : (1) Les méchants aliens moches. (2) Les gentils aliens quasi-humains. (3) Les aliens tellement étranges le fait de comprendre à quel point ils ne sont pas ordinaires est l'enjeu même.

J'imagine que des cas à la SW où l'étrange, le sympathique et l'ordinaire se mêlent si bien existent, mais je n'ai pas trouvé de contre-exemple. J'ai donc empoigné ce dictionnaire qui trainait dans ma bibliothèque mais que je n'avais jamais ouvert. J'y ai lu le chapitre sur les "Mégapoles" par curiosité.

J'ai refermé le livre quelques heures plus tard, l'ayant lu en entier sans avoir vu le temps passer.

Je n'ai pas trouvé ma réponse, mais j'ai appris beaucoup de choses. C'est clair, bien écrit et très recherché. ]]> Review6478581986 Mon, 06 May 2024 18:06:29 -0700 /review/show/6478581986 Stoffia gave 5 stars to The House that Groaned (Paperback) by Karrie Fransman
Inclassable.

Dans cette BD plutôt expérimentale, on suit la vie des divers locataires d'un vieil immeuble victorien qui tombe en morceaux.

Tous les personages de ce roman choral sont attachants et méritent mieux que ce qui leur arrive. Chacun d'eux sont aussi des connards qui méritent amplement le sort qui les attend. Chacun est plein de surprises, de traumas et de moments de chaleur. Et les interactions entre chacun d'eux étonnent tout en étant parfaitement logique.

Et naturellement, tout part en vrille. C'est trash.

Les illustrations peuvent sembler brouillonnes si l'on s'y attarde rapidement. Elles ne le sont pas. Le trait grossier amène une liberté dans la forme que la BD française ose rarement mais qui repoussera certains lecteurs. J'adore quand l'expérimentation sur la forme apporte quelque chose au fond sans alourdir inutilement.

Pour finir, le travail sur le lettrage est simplement magnifique. ]]> Review6483648850 Sun, 05 May 2024 19:10:56 -0700 /review/show/6483648850 Stoffia gave 4 stars to La Croisade des Innocents (French Edition) by Chloé Cruchaudet
bookshelves: autrice, comic
Les enfants partent en croisade. Littéralement.

Quelque part, dans un trou reculé de la France médiévale, les enfants sans enfances capitulent. Entre les prêtres aux mains baladeuses, le travail forcé, et les parents violents, ils décident de tout quitter pour aller prendre Jérusalem.

Les adultes, se disent-ils, sont trop impures pour faire le travail. Les enfants, êtres de lumières et d'innocence le pourront.

Ils suivent donc leur messie maison, notre protagoniste. Un jeune qui en a bien bavé et qui croit avoir vu le Christ sous la glace d'un étang gelé.

Sur la route, qui prend près d'un an, les compromis s'accumulent. Les principes et la nécessité s'opposent. Et que faite des enfants qui perdent leur innocence? Ces filles qui menstruent, ces garçons qui commencent à avoir du poil? Sont-ils une menace au projet?

Pour précision : C'est une BD sur les enfants. Ce n'est PAS une BD les enfants. C'est sombre, cynique et sans morale.

Mais c'est bon! ]]> Review6478693704 Sat, 04 May 2024 15:28:49 -0700 /review/show/6478693704 Stoffia gave 2 stars to Transitions - Journal d'Anne Marbot (Paperback) by Élodie Durand
Un BD-Essai sous forme de témoignage. C'est basé sur le journal d'une mère française qui a appris que son fils était trans.

On y explique en graphiques diverses conceptions des théories de genre. C'est bien fait si vous ne connaissez rien au sujet.

Les bouts les plus intéressants de la BD sont lorsque la mère, qui est biologiste, se met à réfléchir sur le sexe dans la nature. Elle réalise à quel point c'est un non sens de plaquer une conception binaire du genre aux diverses espèces animales. Ces sections du livre étaient les seules qui exprimaient une voix originale, où j'ai appris quelque chose, et je lirais un livre entier de la mère à ce sujet.

Malheureusement, l'essentiel du livre est un espèce d'exercice de déculpabilisation de la mère qui a été cruelle et incompréhensive avec son fils pendant la première année de sa transition.

La narration du bouquin vient d'un point dans le futur où la mère a compris de ses erreurs et est maintenant une bonne alliée. Pourtant, à l'exception des toutes dernières pages, son fils est mégenré et son deadname/morinom est utilisé.

Le livre est bien sur elle, la mère. Sur le fait que c'est tellement difficile pour les parents d'avoir un enfant trans. C'est elle, la victime, quand on y pense. Outre son nom et son domaine d'études, on n'en saura pas plus sur son fils sur qui elle écrit pourtant ce journal.

À croire qu'elle aurait dû attendre d'avoir poussé l'introspection un peu plus loin avant d'écrire un livre complet qui raconte à quel point elle est maintenant une bonne alliée. ]]>