"C'était plein de monde dans la rue, un quadrille qui se déroulait entre le Dôme, la Rotonde, la Coupole...- Qu'est-ce que vous avez à me dire, Élisabeth ?Élisabeth marchait un peu derrière lui, il faisait de si grands pas. Comme elle ne répondait pas, il s'arrêta : - Alors ?- Je vous aime, dit-elle le plus naturellement du monde...Ils marchèrent vers la gare Montparnasse."
Elsa Yur'evna Triolet (September 24 1896 - June 16, 1970) was a French writer.
Born Ella Kagan (Russian: Элла Каган) into a Jewish family of a lawyer and a music teacher in Moscow, she and her sister, Lilya Brik received excellent educations; they were able to speak fluent German and French and play the piano. Elsa graduated from the Moscow Institute of Architecture.
Elsa enjoyed poetry and in 1915 befriended the aspiring futurist poet and graphic artist Vladimir Mayakovsky. When she invited him home, the poet fell madly in love with her older sister Lilya, who was married to Osip Brik. Elsa was the first to translate Mayakovsky's poetry (as well as volumes of other Russian-language poetry) to French.
In 1918, at the outset of Russian Civil War, Elsa married the French cavalry officer André Triolet and emigrated to France, but for years in her letters to Lilya Elsa admitted to being heartbroken. Later she divorced Triolet.
In the early 1920s, Elsa described her visit to Tahiti in her letters to Victor Shklovsky, who subsequently showed them to Maxim Gorky. Gorky suggested that the author should consider a literary career. The 1925 book In Tahiti, written in Russian, was based on these letters.
In 1928 Elsa met French writer Louis Aragon. They married and stayed together for 42 years. She influenced Aragon to join the French Communist Party. Triolet and Aragon fought in the French Resistance.
In 1944 Triolet was the first woman to be awarded the Prix Goncourt.
She died, aged 73, in Moulin de Villeneuve, Saint-Arnoult-en-Yvelines, France of a heart attack.
In 2010, La Poste, the French post office, issued three stamps honoring Triolet.
Camus en a dit : « On quitte ce livre avec l’impression d’un feu d’artifice ininterrompu ». Il a eu bien raison. Ce livre est beau, poétique, engagé, passionnant, palpitant et aurait pu durer une éternité, je ne m’en serais pas lassée. L’histoire de ce héros manqué, Michel Vigaud, se développe en cinq parties, dont celles qui m’ont le plus passionnée racontent la jeunesse de ce personnage ainsi que le temps qu’il passe aux Etats-Unis. Le livre touche à un éventail de sujets et de milieux intéressants, tels que ceux de la communauté de Harlem et du racisme aux Etats-Unis, de la Seconde Guerre Mondiale, de l’antisémitisme, de temps qui ne sont plus à l’héroïsme (mais le sont-ils vraiment ? Il faut peut-être aussi savoir lire entre les lignes, surtout si on connaît le contexte dans lequel ce livre a été écrit) et qui font que Michel Vigaud ne se sent pas à sa place dans son époque (et pourtant, il aura son moment de gloire héroïque), il y a le thème des contes de fées qui revient régulièrement, il y a de belles descriptions de paysages français et américains, il y a la littérature, il y a la musique, il y a l’amour, il y a l’amitié, il y a la trahison et au final, quand même, il y a de l’héroïsme. Le Cheval Blanc est d’une richesse à épouvanter et je ne peux que le recommander. Et le mieux encore, c’est d’en savoir le moins possible avant de rentrer dans l’histoire pour avoir un maximum de surprises, parce que à chaque page qu’on tourne, on rencontre de nouveaux personnages, de nouvelles situations et il est délicieux de se perdre dans cet univers et de laisser couler sa lecture tout au long des périples qu’Elsa Triolet à crées pour nous, ses lecteurs. Un livre d’une rare beauté, d’une grande sagesse et d’une forte humanité qui n’est pas sans importance historique. Je l’aime profondément. Un roman à découvrir et à savourer.
An amazing book that follows the life of Michel Vigaud, a french blond, blue-eyed boy. His life is full of adventures and his personality is a collage of paradoxes. His friend Bielenki described it perfectly to Elizabeth during their first meeting. The story is compelling and heartbreaking at the end. Every character introduced to us is full of details even if they are part of the story for only a few pages, allowing us to be submerged by the intensity of details given to us by Elsa Triolet.
4.5/5 ✨️ Ce roman est une véritable épopée - épopée pour un chevalier manqué soit - il n'empêche que c'est, selon moi, une épopée. Femmes, hommes et enfants du roman adulent Michel Vigaud ... Comment expliquer un amour si hunanime pour ce "héros" moderne qui est aussi antipathique qu'attachant ? Mes sentiments à l'égard de ce personnage sont inexplicables ... Aux prémices de la Seconde guerre mondiale, aucun personnage n'est enviable ou coupable : qu'il s'agisse de Bielenki qui trahit Michel en fuyant pour épouser Élisabeth ou Michel lui-même qui séduit à tout va, sans considération, qui trompe Mary et qui viole Élisabeth : tout est suspendu. Michel est intelligent, doué dans tout ce qui entreprend, il est un héros pluridisciplinaire : sans jamais véritablement travailler, il parvient toujours à avoir de l'argent ou à se faire "entretenir". Il a la faculté de trouver toujours de nouvelles ressources, il sait s'adapter aux multiples obstacles qu'il rencontre. Seule une femme le dépasse et lui échappe : Élisabeth Krüger. Michel Vigaud finit par connaître ce pour quoi il a toujours vécu : être un héros ; celui de la guerre, celui des combats. Bielenki a droit lui aussi à une fin tragique puisque, étant juif avec des idées capitalistes plein la tête, le fidèle ami de Michel Vigaud est déporté en camp de concentration. Les personnages que dépeint Elsa Triolet, qu'ils soient mondains ou qu'ils soient des habitués du bar dans lequel se produit Michel (il est également compositeur, pianiste et chanteur), sont richissimes. Richissimes dans leur complexité et leur humanité, dans leur vraisemblance avec le réel et leur époque. Le cheval blanc est un roman enivrant. Au cœur du roman, on ne sait plus où donner de la tête. À la fin du roman, on demeure cruellement seul, tout s'est effondré, on ne sait plus où aller.
Je ne comprends toujours pas comment Elsa Triolet a si bien écrit Paris en étant à Nice. Comment est-elle parvenue à faire émaner tant de l'atmosphère de Paris, du personnage de Michel à travers des mots, à travers des pages ? J'ai adoré cette lecture, je suis tombée sous le charme de Michel Vigaud et de son destin atypique. Elsa Triolet compte désormais parmi les plumes que j'apprécie le plus : cette femme est fabuleuse.
«pourquoi un homme est-il toujours si lent à aimer, que j’ai le temps d’avoir eu et perdu un grand amour ?».
«toute ma vie n’est qu’un faux-semblant, on croit que je vis…tandis que moi, je ne fais qu’aimer elisabeth».
«il aurait voulu rencontrer une femme qui saurait mourir d’amour. pas d’un amour malheureux, d’un amour heureux…elisabeth savait aimer totalement. un aperçu, il n’avait qu’un aperçu de ce que cela aurait pu être� alors, lui, michel, avait aussi un amour malheureux ? comme mary ? � possible, c’était possible� sans ça pourquoi fallait-il, pour qu’une femme l’émût, qu’elle eût quelque chose d’elisabeth, de sa courbe, de ses inflexions� personne ne pouvait avoir le regard d’elisabeth, sa voix, ce doux filet de voix� sa fraîcheur fatiguée�
Je suis perplexe face aux critiques concernant ce livre, mais voici mes impressions personnelles : L'histoire de Michel est simplement une succession de conquêtes féminines et d'emprise sur ses amis, où il est élevé au rang de divinité, alors qu'il n'a rien d'un personnage aimable, au sens littéral du terme. Tous lui témoignent un amour indéfectible, et s'ensuit des centaines de pages sur sa vie fêtarde, ses amours et ses dépenses, qui pour moi n'ont eu aucun intérêt. En résumé, Michel incarne une figure divine à laquelle je n'ai jamais pu souscrire, à l'inverse de tous les personnages du livre.
Une lecture incroyable. Je n’ai pas les mots pour décrire ce que j’ai ressentis tout au long de cet ouvrage qui m’a transporté. Il est à mon sens extrêmement important de bien comprendre le context de ce récit pour en saisir sa puissance et son génie. J’ai pris mon temps, je l’ai lu très lentement. Cette expérience de lecture et les moments qui y sont connectés font que j’ai du mal à ne pas considéré ce texte comme étant un de mes livres préférés. Cela fait aussi que j’ai beaucoup de mal à trouver mes mots. Je dirais que c’est un chef d’œuvre à mon sens, la plume d’Elsa Triolet est fluide et facile à suivre, mais elle est aussi subtile car tellement est dit entre les lignes - et c’est ça qui est éblouissant. Les descriptions sont d’une poésie incroyable; voici une description qui m’a énormément marquée du cimetière du Père Lachaise où notre protagoniste se rend quand il n’est alors qu’un enfant qui n’est pas sensé traverser la route :
«Michel adorait le Père-Lachaise au point qu'un jour il y fit une expédition tout seul, malgré l'interdiction formelle de dépasser l'agent du carrefour. II avait vraiment un sens d'orientation remarquable pour un enfant de cinq ans. Il y passa la journée, se promenant dans les allées de cette ville ou les maisons étaient à sa taille, où il y avait des fleurs et des images, et de grandes personnes immobiles, que sa mère appelait des anges.»
Je n'ai pas aimé l'histoire. Michel est un imbécile que tout le monde vénère et admire. Tout lui tombe tout cru dans la bouche sans rien faire. A mon sens, c'est un peu tiré par les cheveux. Tout le long de ma lecture, le protagoniste m'a été insupportable. En revanche très belle plume d'Elsa Triolet.
La vie de Michel Vigaud est marquée par le détachement, des autres, des normes, des obligations. Le personnage d'abord énervant, construisant et détruisant des relations au gré de ses envies, se complexifie au fil des pages. Michel Vigaud vit sa vie pleinement parce qu'il n'y tient pas, à la recherche de ce pourquoi cela vaudrait la peine de la perdre. Il a vécu libre, sans sacrifier à l'amour ni au succès, sans y trouver son contentement pour autant. Le monde de l'entre-deux-guerres s'étiole doucement et, dans les dernières pages du roman, la guerre absorbe Michel et son entourage. Une vie d'éclats terminée dans la boue.
Un ennui morne, immense, noir le tenait...Il su qu'il ne s'en relèverait pas...De quoi, au juste? De tout ce qu'il avait raté, de ce qu'il n'avait pas compris, à côté de quoi il avait passé. Il devait bien y avoir quelque chose dans le monde pour quoi c'était la peine de vivre et de donner sa vie. Puisqu'on la perd pour rien, puisqu'on est condamné à mort de tout façon. Il n'avait pas su discener quelle était cette chose valable. (p.421)
Le malheur est que tous les ans il y a un printemps, et que le printemps apporte une fringale de bonheur, qu'on ne sait comment satisfaire.(p.447)
Ça n'allait pas du tout... il avait une impression si intense de fragilité, d'instantané, qu'il sentit brusquement la brise devenir un grand vent, il vit des feux follet se promener de-ci, de-là...(p.500)
🤍"Le cheval blanc" c'est l'histoire de Michel Vigaud, un jeune homme pris dans son époque, celle des années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, en quête d'un bonheur insaisissable.
Incapable de se fixer, éternel insatisfait et en quête d'un amour toujours plus fort, il multiplie les conquêtes avant de les abandonner lorsqu’elles deviennent trop pressantes ou lorsque ses amis lui en demandent trop.
Il ne veut pas d'attaches, ne veut rien devoir à la société, se plait dans sa vie de bohème où il se fait entretenir par des familles bourgeoises avant de disparaître sans aucun regret.
Pourquoi Michel prend-il systématiquement la fuite face aux événements de la vie suscitant un engagement de sa part? D'où vient cette volonté de devenir un héros et de chevaucher ainsi un cheval blanc?
Le début du roman m’a donné du fil à retordre puisque j’ai eu du mal à m’attacher à Michel dont le comportement volage m’a rebutée�
J’ai malgré tout apprécié ce roman qui, à travers l’apparente légèreté de la vie de Michel, met en lumière le destin de l’Europe de l’entre-deux-guerres où règne une atmosphère d’insouciance après la Première tout en sentant poindre la menace de la Seconde�
Quant aux derniers chapitres qui sont poignants et à mon ressenti après avoir terminé le bouquin, c'est Albert Camus qui en parle le mieux: "On quitte ce livre avec l'impression d'un feu d'artifice ininterrompu"...
J’ai mis deux ans à lire ce roman. Par manque de temps, et parce que je savais que je tenais un petit chef d’œuvre entre les mains, et qu’il fallait que je sois disponible pour le lire. Je l’ai repris du début, et en une semaine, je l’ai dévoré. On pourrait qualifier Michel Vigaud de coureur de jupon, de «poule de luxe» comme le dit un certain personnage, mais je préfère la version chevaleresque d’un personnage presque complètement désintéressé par l’argent, le confort ou la gloire, cherchant l’amour et que faire de son âme de chevalier, à l’aube de la seconde guerre mondiale. Je laisserai les leçons de moral sur le personnage aux pudibonds et moralisateurs, moi je l’ai aimé, tout insaisissable soit-il.
«Parce que je ne peux jamais me libérer de l’idée de la fragilité de toute chose…L’homme propose et Dieu Dispose (�) Tout ne tient qu’� un fil.» Explosion d’émotion, voyage sans fin, on ne peut qu’admirer Michel Vigaud malgré ces nombreux défauts
3.75� « Il y a quelque chose dans cette étrange idée de suivre la pensée d’un autre. Quand soi-même on n’en a pas. �
Une autrice que je voulais lire depuis longtemps.
On retrouve dans Le Cheval Blanc le Paris bohème des années 1920-1940. Celui marqué par les années folles qui laissent peu à peu entrer l’atmosphère oppressante de l’avant-guerre. Rempli d’héroïsme illusoire, de trahisons, d’amitiés et de liaisons éphémères, ce roman est à la fois pesant et léger, à l’image de Michel, ce jeune homme en décalage et « atrocement seul et libre �.
L’écriture d’Elsa Triolet est vive, pleine d’esprit et pétillante. Dès les premières pages, on plonge dans la vie des personnages doux et cruels, à la quête d’un idéal impossible : l’amour. Un beau moment de lecture qui bientôt précédera celui du Grand Jamais, tout juste procuré de la même autrice.
« Essayez donc d’imaginer que toutes vos pensées sont concentrées sur un seul être, que cet être possède seul le pouvoir de vous rendre heureux, ou plutôt de vous enlever le malheur� Eh bien, on espère… �