This work presents a thoroughly researched account of Dancing to the Beat of a Different Drum
[image] The Belgica caught in the Ice Pack (1898)
This work presents a thoroughly researched account of the expedition of the Belgica (1897-1899), first ship to hivernate in the ice pack by Antarctica, those manning it escaping death by a whisker (or not...), the whole occurrence opening what came to be called the 'Heroic Age of Antarctic Exploration', lasting from 1900 to 1922.
I have been driven to read it partly out of a personal interest for travel under extreme conditions, or life in unusually unforgiving places. If you feel the call of the wild, too, feel free to check:
[image] The Belgica Anchored at Mount William (1898)
Features:
=> A severe lack of discipline in the international crew & officer quarter for the get-go => Unreliable crews, inexperienced officers, frauds => A 'Belgian ring' (responsible for a near-mutinee near Punta Arenas, and growing restlessness on general)
[image] "Souvenir cordial à mon amie Berthe. A. de Gerlache", Taken by F. Cook, 1898
Describes:
=> The scientific pretext for the exploration & the drive behind the expedition (cf imprisonment in the ice, an extra incentive for de Gerlache, to justify the journey?)
=> The harrowing effects of the extreme cold & confinement, the risk the ship ran of being crushed by the shifting sea ice pack.
=> De Gerlache's motives for hivernating in the ice pack roughly from February 1898 to March 1899. His concern for lampooning in the press, once they return to Belgium.
=> Countless incidents and accidents, some tragic.
=> The uncommon personalities of certain officers (Commandant Adrien de Gerlache, alpinist and explorer-to-be Roald Amundsen, jack-of-all-trades Frederick Cook, satirist/naturalist Emil Racoviță,...), the heroic tenacity of the crew in face of the polar night and scurvy, the future of certain members of the expedition: untruths from Cook, feuds between Amundsen and other explorers, others feats achieved by Amundsen: he discovered the Northwest passage from the Atlantic to the Pacific, reached the South Pole (1911) and the North Pole, this time by plane (1926), feuds between Amundsen and other explorers.
[image]
[image] Itinerary of the Belgica Antarctic Expedition (1897-1899)
'La liberté n'est ni une invention juridique ni un trésor philosophique, propriété chérie de civilisations plus dignes que d'autres parce qu'elles seu'La liberté n'est ni une invention juridique ni un trésor philosophique, propriété chérie de civilisations plus dignes que d'autres parce qu'elles seules sauraient la produire ou la préserver. Elle résulte d'une relation objective entre l'individu et l'espace qu'il occupe, entre le consommateur et les ressources dont il dispose.
Cet essai de l'ethnographe français Claude Lévi-Strauss porte sur son étude de peuples indigènes, du Brésil en particulier. Plus généralement, il se donne pour objet de définir les conditions d'exercice, les ambitions et les limites de l'anthropologie, son domaine d'étude.
[image] Peintures corporelles symétriques et asymétriques d'une femme caduveo (fin 19e siècle)
Points faibles (à mon avis) :
Une écriture par moments excessivement chargée.
Points forts (toujours à mon avis) :
L'attention portée aux menus accidents et aux 'épiphénomènes' qui entourent l'étude et la prise de notes sur les comportements des populations observées par Levi-Strauss.
Son étude des Caduveo, des Bororo et des Nambikwara en particulier.
La lucidité du regard qu'il porte sur sa propre discipline et ses aspirations personnelles.
Du reste, Claude Lévi-Strauss porte un point de vue foncièrement pessimiste, qui n'aura pas l'heur de plaire à tous, sur le devenir des sociétés humaines : surpopulation, pollution, uniformisation des modes de vie, injustice, formalisme abstrait et anachronisme de certaines formes sociales (il cite la société française et l'islam), amoindrissement universel de la liberté.
------- Quelques citations ?
'Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton se transforment en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie toute entière prend visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la grandeur de la forêt américaine [...] avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ?'
'Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt mille ans d'histoire sont joués. Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand-peine dans quelques coins habités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur vivacité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.'
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'La liberté n'est ni une invention juridique ni un trésor philosophique, propriété chérie de civilisations plus dignes que d'autres parce qu'elles seules sauraient la produire ou la préserver. Elle résulte d'une relation objective entre l'individu et l'espace qu'il occupe, entre le consommateur et les ressources dont il dispose. Encore n'est-il pas sûr que ceci compense cela, et qu'une société riche mais trop dense ne s'empoisonne pas de cette densité, comme ces parasites de la farine qui réussissent à s'exterminer à distance par leurs toxines, avant même que la matière nutritive ne fasse défaut.'
'Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances indépendamment de leur condition. Loin que les systèmes politiques déterminent la forme d'existence sociale, ce sont les formes d'existence qui donnent un sens aux idéologies qui les expriment [...]. En ce moment, le malentendu entre l'Occident et l'Orient est d'abord sémantique : les formules que nous colportons impliquent des signifiés absents ou différents.'
'Par delà les remèdes politiques et économiques convenables, le problème posé par la confrontation de l'Asie et de l'Amérique tropicale reste celui de la multiplication humaine sur un espace limité. Comment oublier qu'à cet égard l'Europe occupe une position intermédiaire, entre les deux mondes ? Ce problème du nombre, l'Inde s'y est attaquée il y a quelque trois mille ans en cherchant, avec le système des castes, un moyen de transformer la quantité en qualité, c'est-à-dire de différencier les groupements humains pour leur permettre de vivre côte à côte. Elle avait même conçu le problème en termes plus vastes : l'élargissant, au-delà de l'homme, à toutes les formes de la vie. La règle végétarienne s'inspire du même souci que le régime des castes, à savoir d'empêcher les groupements sociaux et les espèces animales d'empiéter les uns sur les autres, de réserver à chacun une liberté qui lui soit propre grâce au renoncement par les autres de l'exercice d'une liberté antagoniste. Il est tragique pour l'homme que cette grande expérience ait échoué, je veux dire qu'au cours de l'histoire les castes n'aient pas réussi à atteindre un état où elles seraient demeurées égales parce que différentes - égales en ce sens qu'elles eussent été incommensurables - et que se soit introduite parmi elles cette dose perfide d'homogénéité qui permettait comparaison, et donc la création d'une hiérarchie. Car si les hommes peuvent parvenir à coexister à condition de se reconnaître tous autant hommes, mais autrement, ils le peuvent aussi en se refusant les uns aux autres un degré comparable d'humanité, et donc en se subordonnant.
Ce grand échec de l'Inde apporte un enseignement : en devenant trop nombreuse et malgré le génie de ses penseurs, une société ne se perpétue qu'en sécrétant la servitude. Lorsque les hommes commencent à se sentir à l'étroit dans leurs espaces géographique, social et mental, une solution simple risque de les séduire : celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l'espèce. Pour quelques dizaines d'années, les autres retrouveront les coudées franches. Ensuite il faudra procéder à une nouvelle expulsion.'
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'Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités offertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent. Mais alors surgit un nouveau problème : car si dans le premier cas nous étions menacés d'obscurantisme par un refus aveugle de ce qui n'est pas nôtre, nous risquons maintenant de céder à un éclectisme qui, d'une culture quelconque, nous interdit de rien répudier : fût-ce la cruauté, l'injustice et la misère contre lesquelles proteste parfois cette société même, qui les subit. [...]
Aucune société n'est parfaite. Toutes comportent par nature une impureté incompatible avec les normes qu'elles proclament, et qui se traduit concrètement par une certaine dose d'injustice, d'insensibilité, de cruauté. [...] On découvre alors qu'aucune n'est foncièrement bonne; mais aucune n'est absolument mauvaise. Toutes offrent certains avantages à leurs membres, compte tenu d'un résidu d'iniquité dont l'importance paraît approximativement constante, et qui correspond peut-être à une inertie spécifique qui s'impose, sur le plan de la vie sociale, aux efforts d'organisation. [...]
À mieux [connaître les autres sociétés], nous gagnons pourtant un moyen de nous détacher de la nôtre, non point que celle-ci soit absolument ou seule mauvaise, mais parce que c'est la seule dont nous devions nous affranchir : nous le sommes par état des autres. Nous nous mettons ainsi en mesure d'aborder la deuxième étape qui consiste, sans rien retenir d'aucune société, à les utiliser toutes pour dégager ces principes de la vie sociale qu'il nous sera possible d'appliquer à la réforme de nos propres mœurs, et non de celles des sociétés étrangères : en raison d'un privilège inverse du précédent, c'est la société seule à laquelle nous appartenons que nous sommes en position de transformer sans risquer de la détruire; car ces changements viennent aussi d'elle, que nous y introduisons.'
Grammaire et vision du monde portée par les langues : Poésie du gérondif
Interpénétration des systèmes philosophiques et religieux, étude du bouddhisme Mahayana en particulier, que Lévi-Strauss évoque aussi dans la neuvième et dernière partie de Tristes tropiques : Le Temple de l'aube : La mer de la fertilité III
Le bouddhisme Mahayana vu par Shigekuni Honda dans Le Temple de l'Aube, en bref :
(view spoiler)[Le bouddhisme mahayana affirme : La réalité n'existe qu'au présent, il n'est ni passé, ni avenir.
L'alayavijnana ("conscience ultime"), ou conscience alayaentrepose toutes les "semences" du monde des phénomènes, qui circulent dans un flux constant.
Si la conscience alaya est pure, le pouvoir qui engendre le samsara et la réincarnation est une force extérieure à elle, karmique.
Si la conscience alaya n'est pas pure (position de la doctrine yuishiki), les semences karmiques sont causes indirectes et c'est la conscience alaya, corps migratoire, qui est la force qui engendre samsara et réincarnation.
En d'autres termes, les semences de la conscience alaya engendrent cette conscience et forment la loi naturelle. La conscience alaya est donc le fruit de la récompense des êtres sensibles et la cause fondamentale de toute existence.
La conscience alaya façonne les illusions du monde où nous vivons. Tout se réduit à l'idéation (par l'emploi du langage, par l'attachement au moi, par l'illusion des désirs et des formes nées de l'esprit)
En conséquence :
� La conscience alaya, garantissant la réalité et l'existance, en est simultanément mais aussi alternativement la cause et l'effet.
� Le monde et la conscience alaya sont simultanés, alternants et interdépendants.
� On aboutit à une conception agnostique du monde et au solipsisme. (hide spoiler)]
Le rêve uchronique d'un mariage de l'orient et de l'occident, ou du moins de relations plus étroites, sur le modèle des emprunts et inspirations orientales dans la pensée mythologique, philosophique et technique grecque de l'époque hellénique (Sagesses barbares - Arnaldo Momigliani).
Quête des anomalies urbaines, recherche de l'aleph, incarnation de l'identité d'une ville dans son espace et dans sa temporalité : Ougarit
Colonisation, décolonisation. Rapport des anciennes colonies aux anciennes métropoles. Le Sanglot de L'Homme Blanc
A Full-Fledged Flying Circus 3,5/5 rounded up to 4 for puns and general humor :)
The plot, or: How to get grounded in 10 easy lessons? : (disclaimer: no A Full-Fledged Flying Circus 3,5/5 rounded up to 4 for puns and general humor :)
The plot, or: How to get grounded in 10 easy lessons? : (disclaimer: no responsibility can be taken for direct or indirect damage resulting from the use of the information contained in the novel and/or review).
A US Army Air squadron on Pianosa Island, WW2. Captain Yossarian tries to make it out alive, while Colonel Cathcart constantly increases the number of required combat missions a soldier has to fly before they may return home.
Also, should you request an evaluation to be declared unfit to fight and be sent home, you must request the evaluation in the first place, this being considered proof enough of your own sanity. Catch-22. In other words, Yossarian is screwed.
And yet, Catch-22 is but the towering paradox, the absurdity of absurdities, the keystone of all nonsense happening in the course of this novel, and as you read on, you are witnessing all manner of other shenanigans, scams, schemes and petty feuds going on in between a full-blown pageant of ludicrously inept officers, frauds and patent con artists.
The unchronological, polyphonic form of the novel itself mirrors the abysmal failure of communication and the triumph of upstarts, disinformation and publicity (we call that 'faire-savoir' in French).
In the end, Catch-22 offers a grotesque carnival of conceit and malice, pettiness and callousness, cruelty and ambition. Mostly slapstick and zany in the early stages, darker undertones kick later, offering a variegated, complex novel.
[image] Above, the building block of Milo Minderbinder's syndicate
Le deuxième livre de la main de Camille Ammoun propose une narration des évènements qui entourent le soulèvement révolutionnaire à Beyrouth lPatchwork
Le deuxième livre de la main de Camille Ammoun propose une narration des évènements qui entourent le soulèvement révolutionnaire à Beyrouth le 17 octobre 2019. C'est un texte d'une belle densité, qui tient autant du pamphlet, de l'essai urbanistique, de la synthèse historique que du récit littéraire, et qui forme en fin de compte un document à charge terrible contre l'incurie et la corruption patentes du pouvoir au Liban. L'articulation qui est établie entre le soulèvement national du Liban et le déclenchement de la pandémie mondiale de Covid-19 me paraît tout bonnement remarquable.
[image] Troisième jour de contestation à Beyrouth -
Je retrouve ici une des vertus inestimables de la littérature : l'esprit de complexité, le regard qui élève, et qui finalement fait que l'on forme, malgré tous les raccourcis, les couvre-feux, les confinements, les contre-vérités médiatiques et les mots d'ordre, une humanité commune.
LIVRES VOISINS :
Bien que Octobre Liban ne soit pas un roman, il me paraît ressortir de la même fonction essentielle que celle que l'auteur tchèque Milan Kundera associe à la littérature :
Un numéro qui porte sur les originaux les plus célèbres que les Pays de la Loire aient jamais portés : entre autres Scarron, qui a vécu 8 ans au Mans,Un numéro qui porte sur les originaux les plus célèbres que les Pays de la Loire aient jamais portés : entre autres Scarron, qui a vécu 8 ans au Mans, le Douanier Rousseau et Alfred Jarry.
Sommaire du dossier :
Les excentriques�: libres parias de la culture Jacques Baulande, agrégé de lettres
Scarron, un chanoine pas très catholique Laetitia Cavinato, chroniqueuse
Auguste Savardan. Le médecin et le phalanstère Julien Zerbone, critique d’art
De quelques indices pour trouver un excentrique dans une fiction Thomas Giraud, écrivain
Jean-Pierre Brisset. Enfin l’ange vint. Marc Décimo, professeur de linguistique
Hugues Rebell ou le « rut infini � de la Nature Pascal Taranto, philosophe
Maurice Fourré, l’inconnu du Rose-Hôtel Anthony Poiraudeau, écrivain
Claude Cahun. Les humanités excentriques Patrice Allain, professeur de littérature française
Le douanier Rousseau Marion Alluchon, historienne de l’art
Gaston Chaissac. Méthodologie de l’exploration Nadia Raison, sociologue
Jacques Bouillault. Naturaliste autodidacte Emmanuel Mouton, naturaliste
Katerine. Une vie, un film Wilfried Paris, critique musical
Portées disparues Julia Kerninon, écrivaine...more
Title, cover, old copy (that is, 30 y.o., printed one year before I was born), its haunt, a second-haProspectors, Inspectors, Spectators, and Specters
Title, cover, old copy (that is, 30 y.o., printed one year before I was born), its haunt, a second-hand bookstore in Saint-Nazaire... everything about this book drew me in.
What a carnival.
[image] Robert Crumb's Mr. Natural
'The autumn in Beijing' offers layers and layers of possible interpretations, countless readings, each one unearthing whole new vistas, underground cities, florid ruins and liquid gems.
Still, among such a serene chaos of verdant imagination, in this ocean of ideas perpetually darting, to and fro, there is an element, a thing that binds together these rich lodes of possible interpretations, something from which this galaxy of ripples springs, a strange, underlying reliability. This subterranean, impalpable, ineffable "something" is first embodied in an extremely distinctive language giving birth to the unreliable, but consistently literal behaviour of words and things.
In 'L'automne à Pékin', everything is essentially exactly as it looks. At the same time, nothing turns out as expected. To properly navigate this electrifying story, you must unlearn the reflex use of languages, symbols, meanings, and the ordinary value applied to objects. To actually read Boris Vian, you have to go on a journey, and leave behind routine associations of ideas, customary ready-made phrases, mundane train of thoughts. This is the closest you can get to learning a new language, while actually reading in your preferred language. For the reader undergoing this patient alchemy, there are many delights to be reaped.
[image] Salvador Dalí, Archaeological Reminiscence of Millet's Angelus, circa 1934
QUOTES
'Le soleil passait et repassait dans le ciel et ne se décidait pas ; l'ouest et l'est venaient de jouer aux quatre coins avec leurs deux camarades, mais, pour s'amuser, chacun occupait maintenant une position différente ; de loin, le soleil ne pouvait s'y reconnaître.'
***
'- Il a besoin qu'on s'occupe de lui, et il a besoin d'avoir toujours quelqu'un près de lui.
- Je ne voudrais pas qu'il y ait non plus trop de gens, dit Rochelle pensivement. Seulement des amis sûrs. Vous, par exemple.
- Je suis un ami sûr ?
- Vous êtes le type dont on a envie d'être la sœur. Exactement.'
****
- Vous me remplacerez, alors. Je ne peux pas, décemment, aller en Exopotamie avec une hanche brisée en cinq morceaux. Si vous saviez ce que je suis content !...
- Mais... dit Angel.
- C’est vous qui conduisiez, hein ?
- Non, dit Angel. C’est Anne...
- Ennuyeux... dit l’autre.
Sa figure se rembrunit et sa bouche tremblait.
- Ne pleurez pas, dit Angel.
- On ne peut pas envoyer une fille à ma place...
- C’est un garçon... dit Angel. Ceci galvanisa le blessé.
- Vous féliciterez la mère...
- Je n’y manquerai pas, dit Angel, mais elle est déjà faite à cette idée.'
***
� Si on me donnait Rochelle [...] si elle m'aimait, je n'aurais jamais besoin qu'une autre femme m'aime. � Si, dans deux, trois ou quatre ans. Et si elle t'aimait encore de la même façon à ce moment-là, c'est toi qui t'arrangerais pour changer. � Pourquoi ? � Pour qu'elle ne t'aime plus. � Je ne suis pas comme toi [...] � Elles n'ont pas d'imagination [...] et elles croient qu'il suffit d'elles pour remplir une vie.
****
� Tantôt tu veux, dit Angel, et tantôt non. � Je veux tout le temps, dit Anne, mais je veux le reste aussi.
[image] - L'empire des Lumières, René Magritte (site : Artsper.com)
Qu'est-ce que c'est qu'un arrache-cœur ? C'est l'histoire d'Angel, de sa femme C[image] - L'empire des Lumières, René Magritte (site : Artsper.com)
Qu'est-ce que c'est qu'un arrache-cœur ? C'est l'histoire d'Angel, de sa femme Clémentine et de leurs faux triplés, dans leur petit village trouble où se tient tous les mercredis une foire aux vieux, où le menuisier préfère user ses apprentis que ses machines, où le curé organise des spectacles. Une petite rigole rouge s'écoule, la sournoise, le long des rues, sans que personne en parle...
La langue bien déliée de Boris Vian est fidèle au poste, ici pour la plus grande réussite d'une histoire à la noirceur grandissante, qui se met à gonfler comme une éponge de suie, jusqu'à éclabousser le lecteur tout partout.
Tout est grotesque, bête, servile et méchant. Terrible. Chacun fait le reclus chez soi pour s'adonner à sa perversion favorite derrière trois rangées de cloisons étanches (là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir). Les animaux, plus sensibles et raisonnables que partout ailleurs, font les frais de la médiocrité hargneuse et veule des adultes. Entre gens très corrects et appliqués, on vend ses parents comme on ne vendrait pas ses rogatons défraîchis, on traite son congénère comme un meuble, on se prend d'amour pour des machines et des rochers. On n'oublie pas d'aller à la messe, grand divertissement populaire pour mieux se dégommer et on jettera bien ses hontes au fond du ruisseau. On vivra heureux, on vivra opaques et indifférents les uns pour les autres.
(view spoiler)[Ou alors si on sort de cette stupeur, c'est pour ne plus vivre que par les autres, tel un Jaquemort vampire ou une Clémentine mère despotique. (hide spoiler)]
UN EXTRAIT
- Vous avez un joli jardin, dit Jacquemort, sans chercher mieux. Vous vivez ici depuis longtemps ?
- Oui, dit Angel. Deux ans. J'avais des désordres de conscience. J'ai raté pas mal de choses.
- Il restait de la marge, dit Jacquemort. Ce n'est pas fini avec ça.
- C'est vrai, dit Angel. Mais j'ai mis plus longtemps que vous à le découvrir.
Jacquemort hocha la tête.
- On me dit tout, remarqua-t-il. Je finis par savoir ce qu'il y a dans les gens. A propos, pourrez-vous m'indiquer des sujets à psychanalyser ?
- Il y en a plein, dit Angel. Vous aurez la nurse quand vous voudrez. Et les gens du village ne refuseront pas. Ce sont des gens un peu grossiers, mais intéressants et riches.
Jacquemort se frotta les mains.
- Il va m'en falloir des tas, dit-il, je fais une forte consommation de mentalités.
- Comment ça ? demanda Angel.
- Je dois vous expliquer pourquoi je suis venu ici, dit Jacquemort. Je cherchais un coin tranquille pour une expérience. Voilà : représentez-vous le petit Jacquemort comme une capacité vide.
- Un tonneau ? proposa Angel. Vous avez bu ?
- Non, dit Jacquemort. Je suis vide. Je n'ai que gestes, réflexes, habitudes. Je veux me remplir. C'est pourquoi je psychanalyse les gens. Mais mon tonneau est un tonneau des Danaïdes. Je n'assimile pas. Je leur prends leurs pensées, leurs complexes, leurs hésitations, et rien ne m'en reste. Je n'assimile pas ; ou j'assimile trop bien ... c'est la même chose. Bien sûr, je conserve des mots, des contenants, des étiquettes ; je connais les termes sous lesquels on range les passions, les émotions, mais je ne les éprouve pas.
- Alors, cette expérience, dit Angel. Vous avez tout de même le désir de cette expérience ?
- Certes, dit Jacquemort. J'ai le désir de cette expérience. De quelle expérience au fait ? Voilà. Je veux faire une psychanalyse intégrale. Je suis un illuminé.
Angel haussa les épaules.
- Ca s'est déjà fait ? dit-il.
- Non, dit Jacquemort. Celui que je psychanalyserai comme ça, il faudra qu'il me dise tout. Tout. Ses pensées les plus intimes. Ses secrets les plus poignants, ses idées cachées, ce qu'il n'ose pas s'avouer à lui-même, tout, tout et le reste, et encore ce qu'il y a par-derrière. Aucun analyste ne l'a fait. Je veux voir jusqu'où on peut aller. Je veux des envies et des désirs et je prendrai ceux des autres. Je suppose que s'il ne m'en est rien resté jusqu'ici, c'est que je n'ai pas été assez loin. Je veux réaliser une espèce d'identification. Savoir qu'il existe des passions et ne pas les ressentir, c'est affreux.
- Je vous assure, dit Angel, que vous avez au moins ce désir-là et que cela suffit à faire que vous ne soyez pas si vide.
- Je n'ai aucune raison de faire une chose plutôt qu'une autre, dit Jacquemort. Et je veux prendre aux autres les raisons qu'ils ont.
Ils s'approchaient du mur de derrière. Symétrique par rapport à la maison du portail par lequel Jacquemort avait pénétré la veille dans le jardin, une haute grille dorée s'élevait, rompant la monotonie des pierres.
- Mon cher ami, dit Angel, permettez-moi de vous répétez qu'avoir envie d'avoir des enfants c'est déjà une passion suffisante. La preuve, c'est que cela fait agir.
Le psychiatre caressa sa barbe rousse et se mit à rire.
- Cela prouve cependant en même temps le manque d'envies, dit-il.
- Mais non, dit Angel. Pour ne pas avoir de désirs ni d'orientations, il faudrait que vous eussiez subi un conditionnement social parfaitement neutre. Que vous soyez indemne de toute influence, et sans passé intérieur.
- C'est le cas, dit Jacquemort. Je suis né l'année dernière, tel que vous me voyez devant vous. Regardez ma carte d'identité.
Il la tendit à Angel qui la prit et l'examina.
- C'est exact, dit Angel en la lui rendant. C'est une erreur.
- Ca se complète très bien, dit Angel. Il est exact que ce soit écrit, mais ce qui est écrit est une erreur.
- J'avais pourtant une notice à côté de moi, dit Jacquemort. Psychiatre. Vide. A remplir. Une notice ! C'est indiscutable. C'est imprimé.
- Alors ? dit Angel.
- Alors vous voyez bien que ça ne vient pas de moi, ce désir de me remplir, dit Jacquemort. Que c'était joué d'avance. Que je n'étais pas libre.
- Mais si, répondit Angel. Puisque vous avez un désir, vous êtes libre.
- Et si je n'en avais pas du tout ? Pas même celui-là ?
- Vous seriez un mort.
- Ah zut ! s'écria Jacquemort. Je ne discuterai plus avec vous. Vous me faites peur.
Ils avaient franchi la grille et foulaient le chemin qui mène au village. Le sol était blanc et poussiéreux. Des deux côtés croissait une herbe cylindrique, vert foncé, spongieuse, comme des crayons de gélatine.
- Enfin, protesta Jacquemort, c'est le contraire. On n'est libre que lorsqu'on a envie de rien, et un être parfaitement libre n'aurait envie de rien. C'est parce que je n'ai envie de rien que je me conclus libre.
- Mais non, dit Angel. Puisque vous avez envie d'avoir des envies, vous avez envie de quelque chose et tout ça est faux.
- Oh ! Oh ! Oh ! s'exclama Jacquemort de plus en plus outré. Enfin, vouloir quelque chose, c'est être enchaîné à son désir.
- Mais non, dit Angel. La liberté, c'est le désir qui vient de vous. D'ailleurs.
Il s'arrêta.
- D'ailleurs, dit Jacquemort, vous vous payez ma tête, et c'est tout. Je psychanalyserai des gens et je leur prendrai des vrais désirs, des vouloirs, du choix et tout, et vous me faites suer.
- Tenez, dit Angel, qui réfléchissait, faisons une expérience : essayez un instant avec sincérité de cesser complètement de désirer les envies des autres. Essayez. Soyez honnête.
- J'accepte, dit Jacquemort.
Ils s'arrêtèrent au bord de la route. Le psychiatre ferma les yeux, sembla se détendre. Angel le surveillait avec attention.
Il se fit comme une brisure de couleur dans la tonalité de la figure de Jacquemort. Subtilement, une certaine transparence envahit ce qu'on voyait de son corps, ses mains, son cou, sa figure.
- Regardez vos doigts ... Murmura Angel.
Jacquemort ouvrit des yeux presque incolores. Il vit, à travers sa main droite, un silex noir sur le sol. Puis, comme il se ressaisissait, la transparence disparut et il se solidifia de nouveau.
- Vous voyez bien, dit Angel. En pleine relaxation, vous n'existez plus.
- Ah ! dit Jacquemort. Vraiment vous vous leurrez. Si vous croyez qu'un tour de passe-passe va avoir raison de ma conviction ... Expliquez-moi votre truc ...
- Bien, dit Angel. Je suis heureux de voir que vous êtes de mauvaise foi et insensible à l'évidence. C'est dans l'ordre des choses. Un psychiatre doit avoir mauvaise conscience.
Ils étaient parvenus à l'orée du village et, d'un commun accord, rebroussèrent chemin. L'arrache-cœur, Le livre de poche (Fév. 2018), pp. 39-42
Issued in 2010, here is a collection of Gulliver-like short stories, only instead of 18th century England, in Tales About the Motherland, the b[image]
Issued in 2010, here is a collection of Gulliver-like short stories, only instead of 18th century England, in Tales About the Motherland, the butt of the joke is present-day Russia.
An alien meeting not reported by the media because of lack of screen time, a cheap vodka conspiracy ; the existential crisis of an oligarch at the apex of his career ; the holidays of N°1 and N°2 (guess who's who) ; a geologist stumbling on Hell, full-time partners with Gasprom, Belmondo the francophile Russian politician's short-lived holidays in Paris, a mock business center covering all matter of shady proceedings, a town in the hinterland Siberia all the young women of which are visited by their saviour (guess who) during their sleep and get all pregnant..., a thousand-faced bureaucratic state where dissent and uprising do not issue from graft and iniquity, but from the horror of a newfangled law enforced equally towards everybody...
Dialogues are not remarkably lifelike and characters are endowed with a crude psychology, but who gives a damn when it is only here as a dramatic resource? Tales About the Motherland is a page-turner and it is still funny to draw comparisons with other countries closer to western Europe...
It is well paced, now nonsensical, now fantastical, and written in the way it was by the best soviet era authors : if the eerie and the surnatural are never that far from the corner, neither is reality.
Philip K. Dick's paranoid short stories novels : Roog, Ajustment Team, Faith of Our Fathers, not to forget the novel The Penultimate Truth!
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Publié en 2010, traduit en français en 2018, voilà un recueil de textes courts, écrit un peu à la façon des Voyages de Gulliver, sauf qu'en place de l'Angleterre du 18e siècle, c'est la Russie actuelle qui déguste.
Tout est traité par l'absurde : une visite alien qui ne passe pas aux infos, monopolisées par la classe politique, une conspiration qui frappe toutes les bouteilles de vodka bon marché du pays, la crise existentielle d'un oligarque parvenu au sommet et la façon dont il la règle, les vacances de n°1 et n°2 (devinez qui), un géologue qui, lors de fouilles, tombe sur les Enfers et se voit proposer une association juteuse avec Gasprom contre son silence, les vacances en France de "Belmondo", l'oligarque francophile, un chantier de centre d'affaires à Moscou qui couvre des trafics en tous genres, une ville de Sibérie centrale où les jeunes femmes sont toutes visités en songe par un sauveur (je vous laisse deviner qui) et finissent toutes en cloque, les mille visages d'un État bureaucratique où le malaise et la révolte ne naissent pas de la corruption généralisée, mais de l'horreur d'une nouvelle loi dont la force s'appliquerait également à tous.
Les dialogues ne sont pas toujours spécialement crédibles et les personnages ont une psychologie bien lapidaire, mais on s'en moque, est-ce que ce n'est pas un ressort du genre satirique ? Ça se lit comme de rien et c'est toujours marrant d'établir des comparaisons avec d'autres pays plus proches (qui a dit la France ?).
C'est bien rythmé, on tombe tour à tour dans le nonsense, le fantastique et la science-fiction dans la plus belle tradition des écrivains dissidents soviétiques, et si le paranormal n'est jamais bien loin, la réalité non plus.
La Vérite avant-dernière Les nouvelles paranoïaques de Philip K. Dick : Roog, Équipe d'ajustement, La foi de nos Pères, sans compter le roman La vérité avant-dernière !...more
H2G2, volume 1: The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, read by Stephen Fry, finished. So long, and thanks for all the fishiness :)December 14, 2018:
H2G2, volume 1: The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, read by Stephen Fry, finished. So long, and thanks for all the fishiness :)
A LITERARY SIBLING : The Cyberiad - Stanisław Lem
September 24, 2020:
H2G2, volume 2: The Restaurant at the End of the Universe finished!
Much of the British variety of nonsense, loads of ludicrousness and quirky characters by the dozen, this short novel is an Improbability Field all by itself :)
Buddy reading with Tara 10/10 would do again :^)
DOUGLAS ADAMS' OWN SOUNDTRACK:
October 4, 2020:
H2G2, Volume 3: Life, the Universe and Everything - finished!
FEATURING: Wowbagger, the Infinitely Prolonged, Slartibartfast and his Bistromathically-driven spaceship, Agragag, the Karmic Hater, Hactar, the Purposeful Computer, The Ashes of English cricket, The people of Krikkit, a bunch of real sweet guys who just happen to want to kill everybody, Armies of robots doing quadratic equations instead of fighting, The hell of an extremely disreputable party in an erratically flying building, Half-crazed etymologists raving on Sqornshell, swamp planet and natural habitat for loquacious mattresses, Anonymous, the half-mad journalist.
Buddy read with Tara during the ŷ black dust storm, disabling email notifications, in-app notifications, and push notifications to phones :p
C'est quoi ? C'est le 16 juin 1904, raconté par James Joyce.
Qu'est-ce qui s'y passe ? Tous les discours possibles s'entrecroisent, alternent et sUlysse.
C'est quoi ? C'est le 16 juin 1904, raconté par James Joyce.
Qu'est-ce qui s'y passe ? Tous les discours possibles s'entrecroisent, alternent et se suivent comme autant de personnages à Dublin. Dans le temps inscrit entre deux levers de soleil, tout l'univers se rencontre.
Rien que ça ? Oui, rien que ça.
Lire Ulysse ? Pourquoi donc ? Parce que malgré tout, on se pose la question. Et on a bien raison ! On devrait essayer !
Pourquoi lire Ulysse ? (bis) Il m'a fallu 6 ans pour donner une réponse affirmative et concluante à la première question. Pour la deuxième question, la première donne un élément de réponse : s'il faut 6 ans, il faut 6 ans. En 6 ans, la situation a pas mal changé, et le lecteur d'aujourd'hui ne cherche pas ce qu'il cherchait il y a 6 ans. Pour mon cas, je ne suis Personne de particulier et je ne cherche rien de particulier, je me suis donc retrouvé dans la réécriture de l'Odyssée.
Quelle est la grande vertu de cette histoire ? Cette histoire folle par bien des côtés, elle polit le regard : elle réapprend à voir ce qu'on a cessé de regarder. On en dirait autant de pas mal d'autres livres sûrement, mais ici, ça prend une proportion singulière, complètement singulière. Ulysse, c'est comme la vie, il y a des moments de mou, des passages plus enjoués que d'autres, un programme pour la journée, de l'inattendu à plein pot pour chambouler tout ça.
Alors, pourquoi lire ce qu'on peut trouver dans l'état dans une journée ordinaire ? Parce qu'Ulysse, c'est du raconté. Et la vie racontée, c'est pas le même rendu. Et pour raconter, Joyce s'y connaît, a pas besoin de se la raconter, Joyce.
Qu'est-ce qu'on peut trouver dans les histoires racontées par Joyce ? On peut y trouver beaucoup : une jubilation, une impatience de vivre, une médiation, une réflexion, une réincarnation comme celle que Marion trouve dans les romans érotiques à succès que lui passe Léopold. Là où l'habitude est passée et où on finit par nourrir des attentes de plus en plus modestes envers les livres et envers les gens aussi, peut-être qu'Ulysse peut apporter ce qu'on n'attendait plus, et ce qu'on n'a jamais eu le luxe d'attendre non plus. La gratuité de la rencontre.
Qu'est-ce qui te touche le plus chez James Joyce ? Une curiosité évidente chez l'auteur pour le spectacle quotidien du monde. Un sens photographique de la scène quotidienne. Le don d'habiter son histoire. Une espèce de frénésie de tout voir, de tout raconter, de tout décrire. Le goût indéfectible du jeu verbal et du jeu tout court. La sympathie généreuse pour le carnaval humain dans son abjection, dans son tragique et dans sa drôlerie.
Qu'est-ce qui a donné un supplément d'âme, une chair chaleureuse et familière aux personnages qui peuplent ce gros volume à l'air farouche ? Les voix humaines prêtées par RTÉ aux personnages sur près de 30 heures, le rythme imprimé par leurs acteurs à la lecture.
Qu'est-ce j'aimerais conseiller aux curieux ? Cette ressource formidable qu'on doit à la radio irlandaise :
Dans ce livre qui forme véritablement un monde, si je dois isoler ce qui m'a le plus parlé personnellement ?
-La prose lumineuse de ééܱ, moment du réveil de l'étudiant Stephen Dedalus,
-La fantaisie éclaboussante de ʰdzé, moment de la promenade à la plage,
-Le langage du quotidien dans le texte de Calypso, les préparatifs du héros Léopold Bloom,
-La discussion théorique et littéraire inscrite dans Charybde et Scylla, inscrit dans le plus grand texte Ulysse, inscrit dans la littérature universelle, inscrite dans Ulysse le temps d'une discussion théorique et littéraire,
-Le kaléidoscope des Rochers Errants, où on est témoin d'un instant dans la vie de 18 personnes,
-L'enivrement et la désorientation promis par 侱é (pas moins de 4:49:00 dans la lecture de RTÉ, 1982!),
-La rencontre impossible de deux hommes par trop différents, qui se rencontrent pourtant dans Ithaque, et qu'Ithaque se confonde avec la grotte et ééDZ avec Calypso,
-Le canevas de phrases déliées et souples de ééDZ.
Qu'est-ce que tu aimerais ajouter pour conclure ? Je remets ça en anglais pour un peu plus tard. Il est 2 heures du matin au moment où je termine cette note de lecture en français, l'appel de mon Ithaque matelassée se fait de plus en plus entendre. Mais une dernière chose avant de rentrer au port. J'aimerais remercier tous les amis de GoodReads qui ont la patience et la curiosité de me lire. Avec vous c'est un peu comme dans les livres. C'est la vie, mais en mieux.
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Ulysses
What is this book about? Joyce tells you about the 16th of June 1904, in Dublin.
What gives? All manner of discourses intermingle, follow one another, careen and saunter like as many characters in the streets of Dublin. In the spell of time from dawn to dawn, the whole universe meets itself.
Is that all? Yes, it is.
Why reading Ulysses? Because you wonder if you should. And you're right to wonder. You should give it a shot.
Reading Ulysses? Why? (bis) Only after 6 years has an affirmative answer been given to the first question. As to the second question, if 6 years are necessary, 6 years are necessary, so be it. After 6 years, the reader's situation has taken quite a long stretch, and today's reader does not crave what the former one sought. For all intents and purposes I am Nobody specifically and I'm not looking for anything specifically, that's why I found myself again in this rewriting of the Odyssey.
What is the great boon one can draw from this story? This in-more-ways-than-one-wild story polishes your vision : it trains you to see what you have stopped looking at. You certainly hit on other books boasting this property, yet, here it takes an unaccustomed turn, utterly unaccustomed. Ulysses isn't lifelike but it is like life. There are moments of emptiness, and there are moments more happy-go-lucky than others. There is a defined layout for the dawning day and unexpectedness to scrap all this.
Then, why bother reading a book where you can find what you can already find in the course of an ordinary day? Because Ulysses is life told. And life told is not the same product. As far as telling is concerned, Joyce knows his trade. Though a joker, he is no joke. No fibs.
What can one find in Joyce's yarns? A lot. Jubilation, eagerness to live, reflexion, reincarnation, the same kind of reincarnations Marion finds in the smutty novels Leopolds hands to her. When mired in the cesspool of habit, when you have less and less expectations about books and even people, maybe Ulysses can offer what you no longer expect, and what you haven't expected yet. A unique meeting of minds.
What feature is most touching in James Joyce? The author's obvious curiosity for the world's daily spectacle. A photographical approach of the mundane. The gift of inhabiting a story. A frenzy to witness everything, to tell everything, to describe the universe. The shiftless taste for puns and games. A generous sympathy for the sometimes abject, tragic jollity of the human carnival.
What gives soul, a warm and familiar flesh to the characters dwelling in this mighty-looking ledger? The voices endowed to the characters by RTÉ over more than 30 hours' worth of soundtrack, the pace given by the actors to their reading.
What would I advise to curious people? This unique resource offered by the Irish radio :
If one had to isolate what appealed to one the most in this world-sized book?
- The luminous prose in Telemaque, the moment when student Dedalus awakens,
- The fantasy occuring in Proteus, during a walk on the beach,
- The everyday language in Calypso, when the hero Leopold Bloom prepares breakfast,
- The theoretical and literary discussion encompassed in Charybdis and Scylla, itself encompassed in the greater text Ulysses, itself encompassed in world literature, itself encompassed in Ulysses.
- The kaleidoscope of the Wandering Rocks, where you successively step in the shoes of 18 different people.
- The aimless loitering promised by Circe (a baffling 4 hours and 49 minutes in RTÉ 1982 version)
- The unexpected meeting of Stephen Dedalus and Leopold Bloom, two men sharply contrasting with one another, yet meeting in Ithaca, when Ithaca shifts into the Grotto and Penelope turns out to be Calypso.
- The loose canvas of Penelope's musings.
What one would like to add as a conclusion? I would like to remember all my friends on ŷ patient and curious enough to read me and bear with my unread sentences.
With you, it is a bit like in the books, actually. It is like life, only it is better...more