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Le mythe de Sisyphe
by

- Le Penseur, de Bernard et Clotilde Barto - near La Médiathèque Jacques Demy, Nantes
Right after Promise at Dawn (La Promesse de l'Aube), I wrap up The myth of Sisyphus and come out eventually disheartened by the mighty silence ruling over the studio in Lorient. In spare words, this is a study on the absurd. The onset is : "is life worth living?" The subject is tailored to make you react to it and decide where you stand.
On the whole, I don't align with Camus. I am astounded by the sternness of his observations. Indeed, they are accountable to the aim Camus sets but they entirely negate joy and ivresse, together with whatever personal purpuse and illusion they may bear to you.
Camus writes :
"What is absurd is the meeting of the irrational with the craving and the call for clarity which resonates in the innermost depths of man."
("Ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.36
"If I were a tree among trees, a cat among animals, life would have purpose, or to put it in other words, this problem wouldn't have, because I would be part of the world. I would be the world against which I set myself with my whole conscience and by my requiring it to be kindred".
("Si j'étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, cette vie aurait un sens, ou plutôt ce problème n'en aurait point car je ferais partie de ce monde. Je serais ce monde auquel je m'oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.76
Although, where did Camus's absurd man come from? Like a tree among trees, he comes from a state of implied oneness with the world, he once lived in oneness. This state is by no means gratuitous. Once, there was a link, a kinship with the world, now reigns silence. This is, I guess, what could lead to such dereliction.
Camus states :
"Absurd is born of the meeting of the human desire with the insensate silence of the world."
("L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.46
It sounds short-sighted though : the world may well be insensate, unreasonable, irrationnal, but this delirium is by no means silent.
Let us agree the world has no meaning whatsoever by itself. But to hold to you can't construe a personal, makeshift, limited purpose out of the world as you meet people in this delirium, is untrue. And out of the meager purpose that could weld out of this insensate world, I know friendship is the most tangible and vital happening.
So like Chestov and Husserl, who did consent to considerable crookedness to ram in their demonstrations and force their conclusions, as to where I stand, I think Camus's scepticism have him discard some elementary truths to uphold the passion of the absurd to the end.
----------
Je boucle le mythe de Sisyphe après La promesse de l'aube et j'en ressors accablé par le silence souverain d'un studio à Lorient.
Je ne rejoins pas entièrement Camus dans des observations qui me surprennent par leur aridité d'ensemble, explicables par le but qu'il se donne mais qui nient la joie avec ce qu'elle comporte d'ivresse, de sens propre à chacun, d'illusion si on veut.
Camus écrit :
"Ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.36
"Si j'étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, cette vie aurait un sens, ou plutôt ce problème n'en aurait point car je ferais partie de ce monde. Je serais ce monde auquel je m'oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.76
Et pourtant, comme l'arbre parmi les arbres, l'homme absurde de Camus était parti d'un état d'unité tacite avec le monde. Ce premier état n'a rien de négligeable. Là où il y avait d'abord un lien, le silence ensuite. Voilà ce qui paraît conduire à la perte de sens.
Camus soutient :
"L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.46
Il n'y a qu'un malheur : si le monde est déraisonnable, ce délire fait de chimères, d'ivresses et de rencontres n'a rien de silencieux.
Le monde n'a aucun sens intelligible par lui-même, mettons. De là à soutenir qu'on ne peut pas construire un sens provisoire au monde au cours des rencontres, il y a loin, et du sens qui filtre de ce monde déraisonnable, l'amitié me paraît la manifestation la plus tangible et la plus vivante.
Comme Chestov et Husserl qui consentent à des entorses considérables pour aboutir de force à leurs conclusions, je crois aujourd'hui que le scepticisme de Camus le pousse à sacrifier quelques vérités élémentaires pour soutenir la passion de l'absurde jusqu'à son terme logique.
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- Le Penseur, de Bernard et Clotilde Barto - near La Médiathèque Jacques Demy, Nantes
Right after Promise at Dawn (La Promesse de l'Aube), I wrap up The myth of Sisyphus and come out eventually disheartened by the mighty silence ruling over the studio in Lorient. In spare words, this is a study on the absurd. The onset is : "is life worth living?" The subject is tailored to make you react to it and decide where you stand.
On the whole, I don't align with Camus. I am astounded by the sternness of his observations. Indeed, they are accountable to the aim Camus sets but they entirely negate joy and ivresse, together with whatever personal purpuse and illusion they may bear to you.
Camus writes :
"What is absurd is the meeting of the irrational with the craving and the call for clarity which resonates in the innermost depths of man."
("Ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.36
"If I were a tree among trees, a cat among animals, life would have purpose, or to put it in other words, this problem wouldn't have, because I would be part of the world. I would be the world against which I set myself with my whole conscience and by my requiring it to be kindred".
("Si j'étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, cette vie aurait un sens, ou plutôt ce problème n'en aurait point car je ferais partie de ce monde. Je serais ce monde auquel je m'oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.76
Although, where did Camus's absurd man come from? Like a tree among trees, he comes from a state of implied oneness with the world, he once lived in oneness. This state is by no means gratuitous. Once, there was a link, a kinship with the world, now reigns silence. This is, I guess, what could lead to such dereliction.
Camus states :
"Absurd is born of the meeting of the human desire with the insensate silence of the world."
("L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde")
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.46
It sounds short-sighted though : the world may well be insensate, unreasonable, irrationnal, but this delirium is by no means silent.
Let us agree the world has no meaning whatsoever by itself. But to hold to you can't construe a personal, makeshift, limited purpose out of the world as you meet people in this delirium, is untrue. And out of the meager purpose that could weld out of this insensate world, I know friendship is the most tangible and vital happening.
So like Chestov and Husserl, who did consent to considerable crookedness to ram in their demonstrations and force their conclusions, as to where I stand, I think Camus's scepticism have him discard some elementary truths to uphold the passion of the absurd to the end.
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Je boucle le mythe de Sisyphe après La promesse de l'aube et j'en ressors accablé par le silence souverain d'un studio à Lorient.
Je ne rejoins pas entièrement Camus dans des observations qui me surprennent par leur aridité d'ensemble, explicables par le but qu'il se donne mais qui nient la joie avec ce qu'elle comporte d'ivresse, de sens propre à chacun, d'illusion si on veut.
Camus écrit :
"Ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.36
"Si j'étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, cette vie aurait un sens, ou plutôt ce problème n'en aurait point car je ferais partie de ce monde. Je serais ce monde auquel je m'oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.76
Et pourtant, comme l'arbre parmi les arbres, l'homme absurde de Camus était parti d'un état d'unité tacite avec le monde. Ce premier état n'a rien de négligeable. Là où il y avait d'abord un lien, le silence ensuite. Voilà ce qui paraît conduire à la perte de sens.
Camus soutient :
"L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde"
Le mythe de Sisyphe, Folio essais (1942), p.46
Il n'y a qu'un malheur : si le monde est déraisonnable, ce délire fait de chimères, d'ivresses et de rencontres n'a rien de silencieux.
Le monde n'a aucun sens intelligible par lui-même, mettons. De là à soutenir qu'on ne peut pas construire un sens provisoire au monde au cours des rencontres, il y a loin, et du sens qui filtre de ce monde déraisonnable, l'amitié me paraît la manifestation la plus tangible et la plus vivante.
Comme Chestov et Husserl qui consentent à des entorses considérables pour aboutir de force à leurs conclusions, je crois aujourd'hui que le scepticisme de Camus le pousse à sacrifier quelques vérités élémentaires pour soutenir la passion de l'absurde jusqu'à son terme logique.
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Hanneke
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May 08, 2019 07:35AM

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Ot of Man's conscience thnt distinguishes him from qll other species.He is able to have a regard on his destiny and assumes it in his way as absurd , and smirk Great review really
Oh yes One has to be very careful and to type without hurry. But that's life Always on the move


Lettre de Camus à Pierre Bonnel, 18 mars 1943 :
'[...] C'est qu'il y a dans l'attitude absurde une contradiction fondamentale. Elle donne un minimum de cohérence à l'incohérence. Elle introduit de la conséquence dans ce qui n'a pas de suite. C'est qu'il n'y a pas d'expression sans un minimum de logique. A partir du moment où l'on essaie de donner une forme à ce qu'on a éprouvé, on introduit le système dans l'expérience. Le problème absurde pourrait se réduire ainsi à un problème d'expression et l'absurdité parfaite serait le silence. Et pourquoi pas ? Mais à ce compte on retire du monde ce qui en vaut la peine et nous sommes bien d'accord, n'est-ce pas, pour penser qu'il y a des choses qui en valent la peine, que ce soit l'art ou l'amitié. En réalité, il y a une contradiction plus essentielle encore. L'effort de la pensée absurde (et gratuite), c'est l'expulsion de tous les jugements de valeur au profit des jugements de fait. Or, nous savons, vous et moi, qu'il y a des jugements de valeur inévitables. Même par-delà le bien et le mal, il y a des actes qui paraissent bons ou mauvais et surtout il y a des spectacles qui nous paraissent beaux ou laids. On ne préfère pas Stendhal à Georges Ohnet seulement en vertu de quelques recettes artistiques, mais aussi parce que le problème de la beauté en général se pose à leur propos. L'absurde, apparemment, pousse à vivre sans jugements de valeur et vivre, c'est toujours, de façon plus ou moins élémentaire, juger.'
