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736 pages, Hardcover
First published March 1, 1921
“So they’ve killed Ferdinand,� said the charwoman to Mr. Schweik who, having left the army many years before, when a military medical board had declared him to be chronically feebleminded, earned a livelihood by the sale of dogs � repulsive mongrel monstrosities for whom he forged pedigrees. Apart from this occupation, he was afflicted with rheumatism, and was just rubbing his knees with embrocation.
“Which Ferdinand, Mrs. Muller?� asked Schweik, continuing to massage his knees. “I know two Ferdinands. One of them does jobs for Prusa the chemist, and one day he drank a bottle of hair oil by mistake; and then there’s Ferdinand Kokoska who goes round collecting manure. They wouldn’t be any great loss, either of ‘em.�
I really don’t know why those loonies get so angry when they’re kept there. You can crawl naked on the floor, howl like a jackal, rage and bite. If anyone did this anywhere on the promenade people would be astonished, but there it’s the most common or garden thing to do. There’s a freedom there which not even Socialists have ever dreamed of.
Then an orderly arrived with a packet containing a communication to notify the Chaplain that on the next day the administration of extreme unction at the hospital would be attended by the "Society of Genteel Ladies for the Religious Training of Soldiers." This society consisted of hysterical old women and it supplied the soldiers in hospital with images of saints and tales about the Catholic warrior who dies for his Emperor. On the cover of the book containing these tales was a coloured picture, representing a battlefield. Corpses of men and horses, overturned munition wagons and cannon with the limber in the air, were scattered about on all sides. On the horizon a village was burning and shrapnel was bursting, while in the foreground lay a dying soldier, with his leg torn off, and above him an angel descended with a wreath bearing this inscription on a piece of ribbon: "This day thou shalt be with Me in paradise." And the dying soldier smiled blissfully, as if they were bringing him ice cream.It is certainly not a book for everyone, since it is also written in the literary idiom of the 1920s and requires patience to venture through. But it is one of those gems, like The Story of Ebenezer Le Page by G.B. Edwards, that demands a prominent position on the 'favorite' shelves for many readers.
'� Je m’en vais faire la guerre, répondit Chvéïk d’une voix sépulcrale, l’Autriche est dans un pétrin abominable. (...) et voilà pourquoi l’Empereur m’appelle sous le drapeau.
J’ai lu hier dans les journaux que de sombres nuées s’amassaient à l’horizon de notre chère Autriche-Hongrie.
� Mais puisque vous ne pouvez pas bouger, M’sieur le patron ?
� C’est pas un prétexte pour manquer à son devoir, M’ame Muller. Je me ferai pousser en petite voiture. Vous connaissez le confiseur du coin de notre rue? Eh bien, il en a, un petit truc comme ça. Il y a quelques années, il s’en servait pour faire prendre le frais à son grand-père. Vous irez le voir de ma part, et vous lui demanderez de me prêter sa voiture, et vous me roulerez devant ces messieurs.
(...)
'Une vieille femme poussait devant elle un ancien triporteur occupé par un homme qui, coiffé d’une casquette militaire qu’ornait « le petit François », brillant de mille feux, agitait frénétiquement une paire de béquilles. Ses béquilles toujours en bataille, l’homme criait à tue-tête par les rues de Prague: –À Belgrade! À Belgrade! Sa voiturette était suivie par une foule de badauds dont le nombre augmentait sans cesse.
En route, Chvéïk constatait que les agents postés à divers carrefours lui faisaient le salut militaire.' - p.107-112
'� Écoutez, Chvéïk, j’avais envie de vous déférer devant le conseil de guerre, mais je vois bien que vous seriez acquitté, parce que ces messieurs n’ont encore jamais eu affaire à un crétin de votre envergure. Regardez-vous bien là dans la glace, n’êtes-vous pas dégoûté de vous-même devant un visage aussi stupide que ça ? Vous êtes le phénomène naturel le plus renversant que j’aie jamais vu. Allons, Chvéïk, mais dites la vérité: est-ce que votre tête, elle vous plaît ?
� Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, qu’elle ne me plaît pas du tout : elle a l’air dans cette glace d’une boule pointue. Ça ne doit pas être une glace biseautée. Une fois, ils avaient mis dans la devanture du marchand de thé Stanek une glace convexe et quand on s’y regardait on avait envie de vomir. On y avait la bouche de travers, la tête ressemblait à une poubelle, on avait le ventre d’un chanoine après une beuverie en règle, bref, on se voyait défiguré à se suicider sur place. Une fois, le gouverneur est passé par cette rue, s’est regardé dans cette glace et le magasin a été obligé d’enlever la glace.' - p.360
'Le sermon et la messe n’étaient pour eux qu’un moyen de se soustraire à l’ennui de la prison. Ce qui les attirait, c’était, non pas la ferveur des sentiments religieux, mais bien l’espoir de trouver, sur le chemin de la chapelle, des « mégots » semés dans les corridors. Le bon Dieu avait moins de charme qu’un bout de cigarette ou de cigare traînant dans la poussière.
Mais la principale attraction était le sermon. Quelle pure joie il provoquait ! Le feldkurat Otto Katz était le plus charmant ecclésiastique du monde. Ses sermons se distinguaient par une éloquence à la fois persuasive et propre à susciter chez les détenus une hilarité interminable. Il était vraiment beau à entendre quand il s’étendait sur la miséricorde infinie de Dieu, quand il s’évertuait à relever le niveau moral des prisonniers, « victimes de toutes les corruptions », et quand il les réconfortait dans leur abjection. Il était vraiment beau à entendre, du haut de la chaire ou de l’autel, faisant pleuvoir sur ses fidèles des injures de toute sorte et des vitupérations variées. Enfin, il n’était pas moins beau à entendre quand il chantait Ite missa est, et après avoir dit sa messe d’une façon tout à fait curieuse et originale, en brouillant et bousculant les parties de la messe; quand il avait trop bu, il inventait même des prières et une messe inédites, tout un rituel à lui.' - p.151
'La messe, nouveau tour de force du feldkurat, fut suivie avec une grande attention par les prisonniers qui ne cachaient pas leur goût pour l’officiant. L’un d’eux paria même sa portion de pain contre deux gifles que le feldkurat allait faire tomber le Saint-Sacrement par terre. Il gagna son pari.
Il n’y avait pas de place dans ces âmes pour le mysticisme des croyants ou la piété des catholiques convaincus. Ils éprouvaient un sentiment analogue à celui qu’on éprouve au théâtre quand on ne connaît pas le contenu de lapièce et qu’on suit avec patience les péripéties de l’action. Les prisonniers se plongèrent avec délices dans le spectacle que leur offraient les évolutions du feldkurat.
Ils n��avaient d’yeux que pour la beauté de la chasuble qu’avait endossée à rebours le feldkurat et, pleins d’attention, suivaient avec ferveur toutce qui se passait à l’autel.' - p.164
'� C’est encore le type de tout à l’heure, monsieur l’aumônier. Je l’ai enfermé dans la baignoire pour que nous ayons le temps de dîner tranquillement.
� Vous n’agissez pas bien, Chvéïk; qui reçoit un hôte reçoit Dieu. Aux temps anciens les seigneurs admettaient à leur table des bouffons monstrueux pour les divertir à leur festin. Apportez le type pour qu’il soit notre bouffon.' - p.261
'C’est toujours au nom d’une divinité bienfaisante, sortie de l’imagination des hommes, que se prépare le massacre de la pauvre humanité.
Avant de couper le cou à un prisonnier de guerre, les Phéniciens célébraient un service divin assez semblable à celui que célébraient encore leurs descendants quelques milliers d’années plus tard avant d’aller se battre.
Les anthropophages des îles de la Guinée et de la Polynésie, avant de manger dans un festin solennel leurs prisonniers de guerre ou les gens qui les incommodent � missionnaires, explorateurs, négociants ou simples curieux –sacrifient à leurs dieux selon des rites divers. Notre civilisation ne s’introduisant chez eux qu’au ralenti, ils ne revêtent point de chasubles, mais ornent leurs reins de plumes aux couleurs éclatantes.' - p.219
'En Europe, les gens marchaient comme du bétail aux abattoirs où les conduisaient � dignes auxiliaires des empereurs bouchers, des rois et des généraux, � les prêtres de toutes les religions, qui leur donnaient leur bénédiction et leur faisaient jurer que « sur terre, sur mer, dans les airs, etc ».
Les messes du camp avaient toujours lieu en deux occasions spéciales: avant le départ des soldats pour le front, et, au front même avant la tuerie. Je me rappelle qu’au front, à une de ces messes, un aéroplane ennemi jeta une bombe juste sur l’aumônier, dont il ne subsista que des loques sanglantes.
Il passa aussitôt martyr, tandis que les aéroplanes autrichiens faisaient de leur mieux pour procurer cette même béatitude immortelle à des aumôniers de l’autre côté du front.' - p.221
'� Ne me ménage pas, dit-il au soldat qui lui administrait le clystère; rappelle-toi ton serment. Si ton père ou ton frère étaient à ma place, tu serais obligé de leur foutre ton clystère la même chose. Mets-toi bien dans la tête que c’est de clystères comme celui-là que dépend le salut de l’Autriche, et tu verras, nous aurons la victoire.' - p.129
'Les yeux innocents et candides de Chvéïk ne désarmaient pas de leur douceur et de leur tendresse et reflétaient la sérénité de l’homme qui estimait que tout était pour le mieux, que rien d’extraordinaire ne s’était passé et que tout ce qui avait pu se passer était d’ailleurs pour le mieux, car il faut tout de même bien qu’il se passe quelque chose de temps en temps.' - p.356
'� Sérieusement, je ne comprendrai jamais pourquoi les fous se fâchent d’être si bien placés. C’est une maison où on peut se promener tout nu, hurler comme un chacal, être furieux à discrétion et mordre autant qu’on veut et tout ce qu’on veut. Si on osait se conduire comme ça dans la rue, tout le monde serait affolé, mais, là-bas, rien de plus naturel. Il y a là-dedans une telle liberté que les socialistes n’ont jamais osé rêver rien d’aussi beau. On peut s’y faire passer pour le Bon Dieu, pour la Sainte-Vierge, pour le pape ou pour le roi d’Angleterre, ou bien pour un empereur quelconque, ou encore pour saint Venceslas. Tout de même, le type qui la faisait à la saint Venceslas traînait tout le temps, nu et gigotant au cabanon. Il y avait là aussi un type qui criait tout le temps qu’il était archevêque, mais celui-là ne faisait que bouffer et, sauf votre respect, encore quelque chose, vous savez bien à quoi ça peut rimer, et tout ça sans se gêner. Il y en avait un autre qui se faisait passer pour saint Cyrille et saint Méthode à la fois, pour avoir droit à deux portions à chaque repas. Un autre monsieur prétendait être enceint, et il invitait tout le monde à venir au baptême. (...) Il y avait aussi un type qui ne quittait pas la camisole de force qu’on lui passait pour l’empêcher de calculer la fin du monde. (...) et un autre qui faisait tous ses efforts pour me persuader qu’� l’intérieur du globe terrestre il y en avait encore un autre, un peu plus petit que celui qui lui servait d’enveloppe. Tout le monde était libre de dire ce qu’il avait envie de dire, tout ce qui lui passait par la tête. On se serait cru au Parlement. Très souvent, on s’y racontait des contes de fées et on finissait par se battre quand une princesse avait tourné mal. Le fou leplus dangereux que j’y aie connu, c’était un type qui se faisait passer pour le volume XVI du « Dictionnaire Otto ». Celui-là priait ses copains de l’ouvrir et de chercher ce que le Dictionnaire disait au mot « Ouvrière en cartonnage », sans quoi il serait perdu. Et il n’y avait que la camisole de force qui le mettait à l’aise. Alors, il était content et disait que ce n’était pas trop tôt pour être mis enfin sous presse, et il exigeait une reliure moderne.' - p.70-71