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Dom juan: - EDITION AVEC DOSSIER
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bookshelves: france, ±ô³Ü³¾¾±Ã¨°ù±ð²õ, ³Ù³óé²¹³Ù°ù±ð, fiction, sexisme, religion, humour, don-juan
Jul 24, 2013
bookshelves: france, ±ô³Ü³¾¾±Ã¨°ù±ð²õ, ³Ù³óé²¹³Ù°ù±ð, fiction, sexisme, religion, humour, don-juan
Dom Juan ou l'Athée Foudroyé
Quand ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð présente le Dom Juan en février 1665, cette pièce fait un tabac (et quoique puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac). Un an après le Tartuffe, les controverses qui ont accompagné sa dénonciation des faux dévots hypocrites sont encore vives. Fort de l’appui du Roi, il continue sur sa lancée avec une pièce d’une audace rare : l’adaptation d’une pièce jouée par les Italiens, inspirée par le théâtre espagnol. Elle allait être très rapidement interdite et retirée, car sa dénonciation de l'athéisme est terriblement ambiguë.
A l’origine, L'Abuseur de Séville et l'invité de Pierre de Tirso de Molina était une critique des excès des grands de Séville qui se permettaient tous les débordements avec la plus grande indulgence pour leur conduite, certains qu’il suffise de se repentir à temps pour avoir l’âme tranquille. Un tel abus de la longanimité divine, si blessant pour la justice, ne pouvait manquer d’appeler une prompte dénonciation. C’était aussi une manière de faire craindre aux femmes les suites de leurs écarts de conduite en montrant pour une fois non pas une femme fausse, perverse et tentatrice, mais un homme capable de les prendre à leurs propres ruses, et de venger ses semblables.
Dans la pièce de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð, tous ces éléments sont encore présents, sauf que Dom Juan est cette fois, contrairement à la pièce espagnole, un athée, un esprit fort que le ciel va punir. ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð y porte en plus l’ensemble des thèmes qui lui tiennent à cÅ“ur :
On retrouve ainsi dans le Dom Juan comme un concentré de toutes les opinions de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð développés par ailleurs dans son théâtre. Les scènes et les caractères sont d'une grande variété, et participent à faire un vaste synoptique de la société.
²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð parvient à faire de son Dom Juan un personnage vraiment intéressant, mi figue mi raisin, pétri de graves défauts (hypocrisie, froideur, égoïsme, inconstance, â€�), mais aussi de grandes qualités (courage, intelligence, audace, indépendance d’esprit, civilitéâ€�). A côté, le personnage du valet, joué par ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð lui-même, censé représenter la conscience de Dom Juan, fait bien pâle figure à côté du maître. Ses discours moralisateurs sont embrouillés et stupides, tant et si bien que son maître s'en moque, s'il ne s'en impatiente pas.
Il est impossible de ne pas rapprocher ce personnage de fiction d’un autre personnage bien réel du siècle suivant, Casanova, le soi-disant chevalier de Seingalt, lequel suscitait les mêmes sentiments paradoxaux chez ceux qui le croisaient, à mi chemin entre fascination et répulsion. Je tiens jusqu'à présent les Mémoires de Casanova pour le livre de loin le plus plaisant de toute ma bibliothèque.
On a beaucoup glosé sur leurs prétendues différences ; celles-ci ne me paraissent finalement pas si évidentes, si ce n’est que Dom Juan est un vrai noble, et non pas Casanova. On pourrait attribuer au héros de fiction espagnol la même horrible et détestable maxime que celle de son successeur réel italien : c’est rendre justice à l’intelligence que de faire des dupes, et qu'il faut immédiatement tempérer par cette autre de la Fontaine, trompeurs, c'est pour vous que j'écris: attendez-vous à la pareille. J'ai adoré cette pièce. A la folie, au point de me lancer dans une exploration du mythe.
Quand ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð présente le Dom Juan en février 1665, cette pièce fait un tabac (et quoique puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac). Un an après le Tartuffe, les controverses qui ont accompagné sa dénonciation des faux dévots hypocrites sont encore vives. Fort de l’appui du Roi, il continue sur sa lancée avec une pièce d’une audace rare : l’adaptation d’une pièce jouée par les Italiens, inspirée par le théâtre espagnol. Elle allait être très rapidement interdite et retirée, car sa dénonciation de l'athéisme est terriblement ambiguë.
A l’origine, L'Abuseur de Séville et l'invité de Pierre de Tirso de Molina était une critique des excès des grands de Séville qui se permettaient tous les débordements avec la plus grande indulgence pour leur conduite, certains qu’il suffise de se repentir à temps pour avoir l’âme tranquille. Un tel abus de la longanimité divine, si blessant pour la justice, ne pouvait manquer d’appeler une prompte dénonciation. C’était aussi une manière de faire craindre aux femmes les suites de leurs écarts de conduite en montrant pour une fois non pas une femme fausse, perverse et tentatrice, mais un homme capable de les prendre à leurs propres ruses, et de venger ses semblables.
Dans la pièce de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð, tous ces éléments sont encore présents, sauf que Dom Juan est cette fois, contrairement à la pièce espagnole, un athée, un esprit fort que le ciel va punir. ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð y porte en plus l’ensemble des thèmes qui lui tiennent à cÅ“ur :
-critique de l’hypocrisie, comme dans le Misanthrope, avec la duplicité enjôleuse de Dom Juan avec les femmes et avec monsieur Dimanche,
-critique de la bigoterie et des faux dévots comme dans le Le Tartuffe, avec le faux repentir du héros,
-critique d’une noblesse usurpée car non fondée sur la vertu, comme dans Le Bourgeois gentilhomme, avec la tirade du père de Don Juan Tenorio et les remontrances du valet,
-critique de la médecine ignorante et imbue de principes faux, comme dans le Malade imaginaire ou le Le Médecin malgré lui, avec les sottises de Sganarelle,
-critique de la pédanterie et des abus de la rhétorique, comme dans Les Femmes savantes ou la La Critique de l'école des femmes, avec les beaux discours paradoxaux de Dom Juan, et les raisonnement stupides du valet,
-critique du mariage, comme dans L'École des femmes, avec cette promesse qui parvient à vaincre curieusement toutes les résistances, tous les dégoûts et toutes les prudences.
On retrouve ainsi dans le Dom Juan comme un concentré de toutes les opinions de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð développés par ailleurs dans son théâtre. Les scènes et les caractères sont d'une grande variété, et participent à faire un vaste synoptique de la société.
²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð parvient à faire de son Dom Juan un personnage vraiment intéressant, mi figue mi raisin, pétri de graves défauts (hypocrisie, froideur, égoïsme, inconstance, â€�), mais aussi de grandes qualités (courage, intelligence, audace, indépendance d’esprit, civilitéâ€�). A côté, le personnage du valet, joué par ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð lui-même, censé représenter la conscience de Dom Juan, fait bien pâle figure à côté du maître. Ses discours moralisateurs sont embrouillés et stupides, tant et si bien que son maître s'en moque, s'il ne s'en impatiente pas.
Il est impossible de ne pas rapprocher ce personnage de fiction d’un autre personnage bien réel du siècle suivant, Casanova, le soi-disant chevalier de Seingalt, lequel suscitait les mêmes sentiments paradoxaux chez ceux qui le croisaient, à mi chemin entre fascination et répulsion. Je tiens jusqu'à présent les Mémoires de Casanova pour le livre de loin le plus plaisant de toute ma bibliothèque.
On a beaucoup glosé sur leurs prétendues différences ; celles-ci ne me paraissent finalement pas si évidentes, si ce n’est que Dom Juan est un vrai noble, et non pas Casanova. On pourrait attribuer au héros de fiction espagnol la même horrible et détestable maxime que celle de son successeur réel italien : c’est rendre justice à l’intelligence que de faire des dupes, et qu'il faut immédiatement tempérer par cette autre de la Fontaine, trompeurs, c'est pour vous que j'écris: attendez-vous à la pareille. J'ai adoré cette pièce. A la folie, au point de me lancer dans une exploration du mythe.
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Dom juan.
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July 24, 2013
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July 24, 2013
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July 24, 2013
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July 24, 2013
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³Ù³óé²¹³Ù°ù±ð
October 31, 2013
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fiction
January 6, 2014
–
Started Reading
January 6, 2014
–
19.27%
"²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð dénonce plaisamment les sophismes auxquels peut conduire l'athéisme; mais n'est-il pas troublant de voir que l'on peut argumenter en faveur de l'infamie avec autant d'aplomb qu'en faveur de la vertu? Une telle confusion appelle d'abord le rire: mais l'ironie généralisée jette à la fin le doute sur toutes les opinions, détruit les certitudes, questionne toutes les apparences. Cela inspire un scepticisme enjoué"
page
42
January 6, 2014
–
28.9%
"Sganarelle: Tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d'Epicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances qu'on peut lui faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons."
page
63
January 6, 2014
–
29.82%
"Dom Juan: Quoi? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on ait plus d'yeux pour personne? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux: non,non,la constance n'est bonne que pour des ridicules."
page
65
January 7, 2014
–
33.03%
"Done Elvire: N'attends pas que j'éclate ici en reproches et en injures, non, non, je n'ai point un courroux à exhaler en paroles vaines, et toute sa chaleur se réserve à sa vengeance. Je te le dis encore, le Ciel te punira, perfide, de l'outrage que tu me fais, et si le Ciel n'a rien que tu puisses appréhender, appréhende du moins la colère d'une femme offensée."
page
72
January 7, 2014
–
38.53%
"Charlotte
Piarrot, ne te fâche point.
Pierrot
Je me veux fâcher; et t’es une vilaine,toi, d’endurer qu’on te cajole.
C:
Oh ! Piarrot, ce n’est pas ce que tu penses. Ce Monsieur veut m’épouser, et tu ne dois pas te bouter en colère.
P:
Quement? Jerni! tu m’es promise.
C:
Ça n’y fait rien, Piarrot. Si tu m’aimes, ne dois-tu pas être bien aise que je devienne Madame?
P:
Jerniqué! non. Plutôt crever."
page
84
Piarrot, ne te fâche point.
Pierrot
Je me veux fâcher; et t’es une vilaine,toi, d’endurer qu’on te cajole.
C:
Oh ! Piarrot, ce n’est pas ce que tu penses. Ce Monsieur veut m’épouser, et tu ne dois pas te bouter en colère.
P:
Quement? Jerni! tu m’es promise.
C:
Ça n’y fait rien, Piarrot. Si tu m’aimes, ne dois-tu pas être bien aise que je devienne Madame?
P:
Jerniqué! non. Plutôt crever."
January 7, 2014
–
42.66%
"Sganarelle: Qu'est ce que vous croyez?
Dom Juan: Ce que je crois?
S.:Oui.
DJ: Je crois que 2 et 2 font 4 Sganarelle, et que 4 et 4 font 8.
S.: La belle croyance et les beaux articles de foi que voilà ; votre religion à ce que je vois, est donc l'arithmétique; il faut avouer qu'il se met d'étranges folies dans la tête des hommes, et que pour avoir bien étudié on est moins sage le plus souvent."
page
93
Dom Juan: Ce que je crois?
S.:Oui.
DJ: Je crois que 2 et 2 font 4 Sganarelle, et que 4 et 4 font 8.
S.: La belle croyance et les beaux articles de foi que voilà ; votre religion à ce que je vois, est donc l'arithmétique; il faut avouer qu'il se met d'étranges folies dans la tête des hommes, et que pour avoir bien étudié on est moins sage le plus souvent."
January 7, 2014
–
54.59%
"La Statue: On n'a pas besoin de lumière, quand on est conduit par le Ciel."
page
119
January 8, 2014
–
81.65%
"Tout Paris s'entretient du crime de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð; Tel dit: j'étoufferai cet infâme bouquin, L'autre: je donnerai à ce maître faquin De quoi se divertir à grand coup d'étrivière. Qu'on le jette lié au fond de la rivière Avec tous ces impies compagnons d'Arlequin; Qu'on le traite en un mot comme le dernier coquin, Que ses yeux pour toujours soient privés de lumière."
page
178
January 8, 2014
–
Finished Reading
January 10, 2014
– Shelved as:
sexisme
January 10, 2014
– Shelved as:
religion
June 17, 2014
– Shelved as:
humour
November 2, 2014
– Shelved as:
don-juan
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Lada
(last edited Jan 10, 2014 05:57AM)
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rated it 5 stars
Jan 10, 2014 01:34AM

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Le voilà : ça date de 1965, avec Pierre Brasseur et Michel Piccoli. C'est en voyant cette version que j'ai eu envie de


Très belle analyse, Yann. Je crois que je vais m'attaquer de nouveau aux alexandrins de ²Ñ´Ç±ô¾±Ã¨°ù±ð et je commencerai avec cette pièce qui semble t'avoir bel et bien séduite!




Maintenant, Yann, tu peux continuer avec Beaumarchais et avec le libretto de Lorenzo da Ponte.... (et sa belle musique...)

Pour l'opéra de Mozart et Da Ponte, j'ai la version filmée de Jean-Pierre Ponnelle en DVD, il faudrait que je le revoie, ou que j'en voie une autre. Par contre, pour Beaumarchais, tu veux dire qu'il a lui aussi sa propre version du Don Juan?

Pour l'opéra de Mozart et Da Ponte, j'ai la version fil..."
Il a son Le Barbier de Séville, ou La Précaution inutile d'après Tirso et Mozart et Da Ponte ont suivi Beaumarchais.

