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Colonialisme Quotes

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Amin Maalouf
“Quand je suis arrivé dans ce pays, je ne parvenais pas à comprendre que de grands messieurs barbus sanglotent et s'affligent pour un meurtre commis il y a mille deux cents ans. Maintenant, j'ai compris. Si les Persans vivent dans le passé, c'est parce que le passé est leur patrie, parce que le présent leur est une contrée étrangère où rien ne leur appartient. Tout ce qui est pour nous est symbole de vie moderne, d'expansion libératrice de l'homme, est pour eux symbole de domination étrangère : les routes, c'est la Russie ; le rail, le télégraphe, la banque, c'est l'Angleterre ; la poste, c'est l'Autriche-Hongrie...”
Amin Maalouf, Samarkand

“Pas une seule fois depuis des siècles Tala n'avait connu semblable réunion de l'assemblée, c'était sûr. Moins qu'une caricature, une sinistre mascarade! Dans les assemblées d'antan, et que Bachir se rappelait encore très bien, jamais des hommes de rien comme Tayeb ou des crapules comme Ameur n'auraient seulement ouvert la bouche. Maintenant, ils dirigeaient les débats, ou plutôt ils parlaient seuls. Dans les assemblées d'antan s'entendaient les plus belles paraboles, les paroles les plus humaines, on y avait soin des mots parce qu'on avait le respect des hommes. Maintenant Ameur ou Tayeb pouvaient sans honte et devant tous écorcher le berbère comme sans doute ils écorcheraient les coeurs ... ou les corps, avec la même impudence.”
Mouloud Mammeri, L'opium et le bâton

“L'indignation de Bachir tomba. A quoi bon? Cette guerre sans nom condamnait tout le monde à la veulerie. La lâcheté des hommes qui ne pouvaient rien n'avait d'égale que la lâcheté de ceux qui pouvaient tout, et en profitaient pour exiger tout, tout avilir.”
Mouloud Mammeri, L'opium et le bâton

Jules Van Praet
“Il n’y a plus un seul gouvernement qui colonise. Il n’y a plus que la colonisation individuelle”
Jules Van Praet

Leopold II
“Les Philippines, c’était la porte ouverte sur la Chine et le Japon! Personne n’admettrait qu’une grande Puissance aille s’y installer.”
Leopold II

Amin Maalouf
“Pour l'envahisseur, apprendre la langue du peuple conquis est une habileté; pour ce dernier, apprendre la langue du conquérant est une compromission, voire une trahison. De fait, les Franj ont été nombreux à apprendre l'arabe alors que les habitants du pays, à l'exception de quelques chrétiens, sont demeurés imperméables aux langues des Occidentaux.”
Amin Maalouf, Les croisades vues par les Arabes

Yasmina Khadra
“Il y a très longtemps, monsieur Sosa, bien
avant vous et votre arrière-arrière-grand-père, un homme se tenait à l'endroit ou vous êtes. Lorsqu'il levait les yeux sur cette plaine, il ne pouvait s'empêcher de s'identifier à elle. Il n'y avait pas de routes ni de rails, et les lentisques et les ronces ne le dérangeaient pas. Chaque rivière, morte ou vivante, chaque bout d'ombre, chaque caillou lui renvoyaient l'image de son humilité. Cet homme était confiant. Parce qu'il était libre. Il n'avait, sur lui, qu'une flûte pour rassurer ses chèvres et un gourdin pour dissuader les chacals. Quand il s'allongeait au pied de l'arbre que voici, il lui suffisait de fermer les yeux pour s'entendre vivre, Le bout de galette et la tranche d'oignon qu'il dégustait valaient mille festins. Il avait la chance de trouver l'aisance jusque dans la frugalité. Il vivait au rythme des saisons, convaincu que c'est dans
la simplicité des choses que résidait l'essence des quiétudes. C'est parce qu'il ne voulait de mal à personne qu'il se croyait à l'abri des agressions jusqu'au jour où, à l'horizon qu'il meublait de ses songes, il vit arriver le tourment. On lui confisqua sa flûte et son gourdin, ses terres et ses troupeaux, et tout ce qui lui mettait du baume à l'âme. Et
aujourd'hui, on veut lui faire croire qu'il était
dans les parages par hasard, et l'on s'étonne et s'insurge lorsqu'il réclame un soupçon d'égards.. Je ne suis pas d'accord avec vous, monsieur. Cette terre ne vous appartient pas. Elle est le bien de ce berger d'autrefois dont le fantôme se tient juste à côté de vous et que vous refusez de voir. Puisque vous ne savez pas partager, prenez vos vergers et
vos ponts, vos asphaltes et vos rails, vos villes et vos jardins, et restituez le reste à qui de droit.”
Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit

Pierre Vermeren
“La politique de l'enseignement tenait une bonne place dans ce programme de réformes. Elle était en effet devenue un enjeu capital dans la course engagée entre les nationalistes et l'administration. Le programme de l'Istiqlâl s'était en effet prononcé pour la reconstruction du pays « dans le respect des meilleures traditions nationales », en ayant « pour fondement l'attachement à l'islam, à la langue arabe et la fidélité au Trône ». L'enjeu de la langue était posé. À Tunis même, le remplacement du cheikh Ta'albi par l'actif Fadhel Ben Achour, professeur à la Zitouna, à la tête du Vieux Destour remettait au premier plan la question de la langue arabe. C'est que, dans l'esprit des autorités coloniales, seuls les tenants de l'arabisation étaient susceptibles de détruire « l'Å“uvre de la France ». (p98)”
Pierre Vermeren, La formation des élites marocaines et tunisiennes

Pierre Vermeren
“On voudrait pour conclure rappeler que cette évolution s'est déroulée dans un contexte politique agité qui n'a pas été sans répercussions. Face à l'offensive des nationalistes, l'institution d'un haut enseignement supérieur français est perçue par les autorités protectorales comme un antidote. Dans son rapport de 1947, Lévi-Provençal avait souligné l'importance de constituer comme au Caire, et parallèlement à la Zitouna, « un centre d'enseignement d'arabisme moderne et laïque ». Les professeurs de l'IHET eux-mêmes sont convaincus de l'importance de leur rôle dans « la défense de la culture et de la langue française qu'assure l'Institut dans son ensemble » ; leur volonté maintes fois réaffirmée est de développer les enseignements et les cursus afin d'attirer le plus d'étudiants musulmans possible. (p119)”
Pierre Vermeren, La formation des élites marocaines et tunisiennes